La néosporose.
Une maladie abortive à mieux connaître
La néosporose bovine : Parmi les causes d’avortements, la néosporose nécessite une approche particulière en raison de son mode de contamination.
La néosporose est une maladie abortive des bovins due à un parasite de la famille des coccidies. Présente un peu partout dans le monde, elle est la cause de 5 à 25 % des avortements rencontrés, principalement dans les troupeaux laitiers mais aussi en élevage allaitant.
Un cycle complexe en raison de sources d’infections multiples
Découvert à la fin des années 80, Neospora caninum présente un cycle de développement original. Les hôtes définitifs sont le chien et le coyote. D’après les dernières études, le renard ne serait pas impliqué dans le cycle. Il existe par ailleurs de nombreuses espèces d’hôtes intermédiaires : ruminants (y compris sauvages), rongeurs, oiseaux… Les canidés s’infectent en ingérant des matières contaminées issues d’hôtes intermédiaires infectés (délivrances, avortons, cadavres divers). Ils excrètent ensuite les parasites sous forme d’ookystes très résistants dans le milieu extérieur par leurs déjections. Ce n’est pas une zoonose et aucun cas de néosporose n’a été diagnostiqué chez l’Homme.
En élevage, deux modes de transmission coexistent, horizontale…
La transmission horizontale consiste en une infection d’un bovin par ingestion d’eau ou d’aliments souillés par des crottes de chien. Une fois contaminée, la vache reste porteuse à vie et n’excrétera le parasite que dans ses placentas. Il n’existe pas de transmission d’animal infecté à animal sain, même par ingestion de délivrances infectées ; pour qu’il y ait diffusion, il faut qu’un chien consomme ce placenta et on retrouvera Neospora dans ses déjections.
… ou verticale
La transmission verticale se produit de la mère au veau pendant la gestation. Si un avortement se déclenche, il intervient généralement entre le 5e et le 7e mois de gestation mais est possible dès le 3e mois. Il est généralement sporadique mais peut survenir de manière répétée durant toute l’année. Le fœtus peut mourir, être résorbé dans l’utérus, momifié ou décomposé. Si le veau nait vivant, il peut présenter des troubles neurologiques (ataxie, perte d’équilibre, diminution du réflexe rotulien, exophtalmie, déviation du globe oculaire), des déformations diverses telles que la contracture des membres antérieurs ou postérieurs ou un retard de croissance important. En cas de symptômes évocateurs, un diagnostic différentiel avec la BVD par exemple est nécessaire. Le plus souvent, le veau nait visuellement normal mais une fois adulte, cette vache présentera un risque élevé d’avortement. Sur les mâles, l’impact est beaucoup plus faible, avec parfois une baisse de la spermatogénèse.
Un diagnostic basé sur la PCR sur l’avorton et des sérologies sur le troupeau
Le diagnostic direct s’appuie sur la mise en évidence chez l’avorton du parasite par PCR. Elle peut s’effectuer sur différents tissus : cœur, cerveau, rein ou poumon pour des fœtus de moins de 6 mois, exclusivement sur cerveau pour des fœtus de plus de 6 mois. Le placenta n’est pas un prélèvement de choix car le parasite n’y est plus forcément identifiable. Pour le diagnostic indirect (mise en évidence du passage du parasite), une sérologie par technique ELISA est effectuée. La sérologie individuelle positive sur une vache avortée ne permet pas de conclure seule. En cas de série d’avortements, le diagnostic de troupeau s’appuiera sur des analyses sérologiques sur au moins 6 vaches (dont 3 primipares) appartenant au lot concerné par la série d’avortements : femelles ayant avorté, complétées par le prélèvement de congénères ayant eu des problèmes de reproduction dans les 4 mois précédant.
Dans les élevages touchés, identifier le mode de contamination (horizontal ou/et vertical) et évaluer la proportion de vaches séropositives
Il n’y a pas en France de vaccin ou de traitement pour lutter contre cette maladie. Les mesures prophylactiques sont donc exclusivement sanitaires. Dans un élevage où des avortements à Neospora caninum ont été confirmés, la première étape consiste à essayer d’identifier le mode de contamination qui prédomine dans l’exploitation : contamination horizontale (à partir de chiens) ou verticale (des vaches aux veaux) et évaluer la proportion de vaches séropositives. Des sérologies seront réalisées sur 15 à 20 vaches : avortées, ascendantes, collatérales et descendantes et des vaches non-avortées et sans liens familiaux avec les précédentes (les sangs de prophylaxie peuvent être utilisés). Si la séropositivité semble liée aux familles, l’hypothèse d’une contamination par voie verticale prime. Si les résultats sont plus aléatoires, c’est plutôt l’hypothèse d’une contamination par voie horizontale qui domine.
En cas de transmission horizontale, essayer de casser le cycle du parasite
Pour casser le cycle du parasite, les deux mesures principales sont les suivantes :
- Empêcher au maximum les chiens d’ingérer des placentas contaminés. Pour cela, récupérer les délivrances et les détruire rapidement en les stockant dans un bac d’équarrissage ou en les enterrant à au moins 60 centimètres de profondeur.
- Empêcher l’accès des chiens aux stocks de fourrage et de nourriture, aux aires d’alimentation et d’abreuvement et à la nurserie. 1 crotte de chien contaminée peut infecter 1.000 vaches, risque accru avec l’usage des mélangeuses.
Par ailleurs, en cas de contamination horizontale, il convient de maintenir pendant au moins un an la détection par tests sérologiques des animaux infestés susceptibles de générer de futures contaminations verticales.
Lutte contre la transmission verticale : agir selon la proportion de vaches séropositives
Elle passe d’abord par le contrôle systématique des femelles à l’introduction (prise en charge de 50 % des frais d’analyse dans le cadre du billet de garantie conventionnelle). Suite à une introduction positive, le nombre de bovins positifs au sein du cheptel augmente lentement mais inéluctablement par la voie femelle. Dans un troupeau infecté, si la proportion de vaches séropositives est faible (ce qui implique d’analyser tout le troupeau), la réforme de la ou des lignées concernées à court terme sera envisagée. Si la proportion de vaches séropositives est non-négligeable, on étalera les réformes en s’assurant de ne pas conserver de génisses issues de vaches positives.
La néosporose, à rechercher lors de tout épisode abortif et à l’introduction
La néosporose est une des principales maladies abortives chez la vache en France et pourtant encore méconnue en élevage allaitant. Son coût n’est pas négligeable tant par ses conséquences sanitaires que par les moyens d’assainissement à mettre en œuvre. Il est primordial de s’en prémunir par un contrôle systématique des femelles à l’introduction et, en cas de contamination, de bien identifier les causes afin d’appliquer les méthodes adaptées. Pour tout renseignement complémentaire sur la néosporose ou sur le kit avortements FRGDS NA, contactez votre vétérinaire ou GDS Creuse.