La sarcosporidiose bovine
Une maladie parasitaire peu connue mais très répandue
La sarcosporidiose => En élevage, l’alerte vis à vis de cette maladie parasitaire intervient lors de saisie en abattoir. Cette parasitose très répandue peut, dans certains cas entraîner des saisies partielles voire totales.
La sarcosporidiose est une maladie parasitaire (protozoose) présente dans le monde entier. Elle est transmissible aux carnivores par la viande de divers animaux de rente contenant des sarcocystes (kystes musculaires). Deux types sont transmissibles à l’être humain par la viande de bœuf ou de porc. Le parasite a besoin de deux hôtes, un hôte intermédiaire pour se développer et un hôte définitif pour se multiplier. Le bovin intervient comme hôte intermédiaire pour trois espèces de sarcocystis (coccidie kystogène) : Sarcocystis hominis, S. cruzi, S. hirsuta, dont les hôtes définitifs sont respectivement l’Homme, les canidés, les félins. Selon différentes enquêtes effectuées dans toutes les régions du monde, 90 à 100 % des bovins sont porteurs de ces parasites musculaires.
Un cycle évolutif rapide
La contamination de l’environnement se fait par les matières fécales des carnivores qui sont immédiatement infectantes. Les sporocystes évacués sont relativement résistants aux facteurs extérieurs d’autant plus en milieu humide qui favorisera leur survie durant une année et des températures légèrement basses n’altèrent pas leur résistance. Les hôtes intermédiaires s’infestent à leur tour en broutant l’herbe contaminée ou par coprophagie (voir schéma du cycle évolutif du parasite). Les sporocystes ainsi ingérés libèrent des sporozoïtes (cellules infectantes pour le nouvel hôte) qui pénètrent dans la paroi intestinale puis dans l’hôte via le sang ou la lymphe. Le parasite se multiplie et la dernière phase de reproduction conduit à la formation de ces kystes tissulaires. Pour l’hôte final, la source d’infection est la viande crue ou insuffisamment cuite, renfermant les kystes.
Très peu de symptômes chez les hôtes définitifs, carnivores ou Homme…
Les sarcosporidies ne sont en général pas pathogènes pour les carnivores. Il peut être observé une diarrhée, bénigne, passagère, sans hyperthermie qui rétrocède d’elle-même en quelques jours.
Chez l’Homme, après ingestion de viande bovine insuffisamment cuite contenant des sarcocystes de S. hominis, une entérite diarrhéique peut se manifester autour du 15ème jour après le repas infectieux et se prolonger 8 à 10 jours. Cela s’observe lors de consommation d’un grand nombre de sarcocystes, ce qui est rarement trouvé dans une viande infectée naturellement.
… comme chez les bovins
Bien que l’infection sarcosporidienne soit très fréquente chez les bovins, la maladie est très rarement observée. La plupart du temps, aucun symptôme n’apparaît lorsque les kystes se développent dans les muscles des bovins. Cependant, dans le cas de contamination massive (infections expérimentales avec S. cruzi), la maladie peut exister avec des symptômes très peu évocateurs : état fébrile, anémie, amaigrissement, alopécie, avortements, mortinatalité.
Des moyens de lutte assez restreints
Son diagnostic est très difficile car la sarcosporidiose n’est pratiquement jamais évoquée en 1ère intention. Le contexte épidémiologique (présence de chien et de chat, hygiène humaine) peut parfois renforcer la suspicion. Néanmoins, ces diagnostics ont leurs limites liées au fait que les symptômes de la maladie sont peu révélateurs. Il n’existe pas de vaccins disponibles contre les cas cliniques mais les animaux peuvent s’immuniser par une faible ingestion de sporocystes. Le traitement ne concerne que la forme aiguë de la maladie. Cependant, il est rarement utilisé et s’appuie essentiellement sur les données provenant d’infections expérimentales. Il fait alors appel aux anticoccidiens. En ce qui concerne la prophylaxie, seule la prophylaxie sanitaire reste efficace et consiste principalement à prévenir les contacts directs entre les bovins, les chiens et les chats. Pour cela, il est nécessaire de limiter la circulation de ces carnivores au sein des bâtiments d’élevage (pour restreindre la dispersion des sporocystes par les fèces) et des abattoirs (pour éviter l’ingestion de viande contaminée). La prévention de l’infection de l’être humain consiste à éviter la consommation de viande de porc ou de bœuf crue ou saignante. Les kystes sont détruits par une cuisson à cœur (56 à 75 °C pendant 20 à 25 min) et par une congélation – 5°C pendant 48h ou à – 20°C pendant 24h. En revanche, ils résistent aux micro-ondes. On prévient l’infestation chez les carnivores et les animaux domestiques en leur donnant de la viande préalablement bien congelée ou bien cuite.
Le risque : la saisie à l’abattoir
Les kystes étant invisibles à l’œil nu, la mise en évidence à l’abattoir des bovins infectés reste rare. Il n’est vu que les kystes coalescents ou en voie de dégénérescence, et les bovins sont alors, tout ou partie, saisis pour « infection parasitaire ». Sur certaines carcasses, on observe une inflammation spécifique des muscles striés, avec de petites lésions verdâtres (0,5 à 5 mm x 0,5 à 2 mm) fusiformes à rondes, correspondant à une infiltration par des éosinophiles et à une dégénérescence des fibres musculaires. Les animaux affectés apparaissent le plus souvent comme cliniquement normaux et cette myosite n’est détectée qu’au moment de l’inspection post mortem à l’abattoir ou dans les salles de découpe. Ces viandes sont déclarées impropres à la consommation humaine, le motif de saisie est « couleur anormale », avec précision sur le libellé de saisie de « myosite éosinophilique ». Alors que le portage à sarcocystis est quasi systématique, le déclenchement de la myosite éosinophilique est un événement rare, observé chez moins de 0,1 % des bovins. C’est la conséquence d’une réponse immunitaire de l’hôte intermédiaire, le bovin, contre le parasite. Le mécanisme reste inconnu et différentes hypothèses ont été avancées : rupture des kystes consécutive à l’augmentation de leur taille, réponse anormale similaire à une hypersensibilité… Parmi les facteurs de risque identifiés, certaines races comme la Blonde d’Aquitaine et la Parthenaise sont plus touchées, et la présence de paratuberculose ou d’une vaccination des vaches semble augmenter les cas de myosite éosinophilique, par stimulation du système immunitaire.
Face aux incertitudes, une application des mesures sanitaires de base
Finalement, la sarcosporidiose bovine est une protozoose très répandue avec une atteinte qui touche la quasi-totalité des bovins. Seuls certains vont présenter des lésions dites de « myosite éosinophilique » qui vont alors entraîner des saisies partielles ou totales essentiellement pour le côté « anormalité » de la présentation des viandes concernées. Les raisons du développement de telles lésions chez certains individus ne sont actuellement pas connues. Le risque zoonose n’intervient que lors d’infection massive où il y a alors saisie totale de l’animal. La prophylaxie de la contamination des bovins est difficile. Elle est basée sur la limitation des contacts entre les bovins et les fèces des humains et des carnivores.
La mutuelle sanitaire GDS Creuse et le FAR Nouvelle-Aquitaine
Depuis des années, GDS Creuse indemnisait ses adhérents pour cysticercose et tiquetage. Depuis le 01/01/2019, la mutuelle sanitaire fait une prise en charge de 20 % des pertes liées à 7 motifs de saisie, dont la myosite éosinophilique, qui peut être complétée par l’indemnisation FAR (cf. article du 29/07/2020). Pour tout renseignement sur le FAR, contactez INTERBEV Nouvelle-Aquitaine (far@interbev-nouvelleaquitaine.fr ou au 05 57 85 40 10). En cas de saisie d’abattoir, vous pouvez échanger avec votre vétérinaire pour comprendre le motif de saisie et voir si des mesures sont à mettre en place, ou vous rapprocher de nos services. Dans la continuité de notre série, le prochain article sera consacré à la cysticercose.