Préparation au vêlage – 04 décembre 2019

Préparation au vêlage
2 mois avant le vêlage, le rendez-vous incontournable

 

Une vache en bonne santé pour un vêlage réussi => Le vêlage est une étape capitale pour une vache allaitante, son veau étant son unique production de l’année. Vous mettrez donc tout en œuvre pour que la vache soit en bon état général afin qu’elle ait un veau en bonne santé, une lactation la meilleure possible et un retour en chaleur rapide.

Les besoins de la vache varient considérablement suivant le stade de gestation ou de lactation. Dans le même temps, les ressources alimentaires changent suivant les saisons. La vache allaitante est adaptée à ces fluctuations d’état et une variation de poids de l’ordre de 15 % pendant l’année peut être tolérée, notamment en période estivale ou en fin d’hiver. Vous devez cependant être beaucoup plus vigilant en fin de gestation, la période stratégique se situant entre 2 mois avant le vêlage et 2 mois après le vêlage. Sur cette période, la vache a des besoins de plus en plus élevés, pour assurer la croissance du fœtus puis la production de lait, avec une capacité d’ingestion limitée en fin de gestation. C’est donc dans les 2 derniers mois de gestation que tout se joue.

Des besoins alimentaires accrus…

La ration des bovins doit prendre en compte trois paramètres principaux : la fibrosité pour faire ruminer, les apports énergétique et protéique. Le premier point pose rarement de problèmes avec les rations classiques à base de foin ou d’enrubannage. En revanche, si un fourrage moyen distribué seul peut satisfaire les besoins d’une vache en milieu de gestation, il sera très insuffisant en fin de gestation. Avec une capacité d’ingestion qui descend autour de 11 kg et des besoins de 9 UF et de près d’1 kg de PDI par jour, c’est à cette période que vous réserverez les meilleurs fourrages et une complémentation s’imposera souvent. Cela passera par une analyse de la ration afin de déterminer quel aliment corrigera au mieux le problème, céréale, tourteau ou aliment complet.

Les besoins sont maximums en fin de gestation et début de lactation, mais la capacité d’ingestion est réduite avant vêlage. C’est la période où il faudra distribuer les meilleurs fourrages.

… avec des idées reçues à combattre

Vous êtes beaucoup à avoir peur d’alimenter correctement les vaches dans le dernier mois de gestation par crainte de faire grossir le veau ou d’avoir des vêlages difficiles. Cela peut être vrai en cas de suralimentation, comme lors de la mise à l’herbe, mais il n’y a aucun impact avec une ration raisonnée. En revanche, un déficit énergétique de 20 % conduira à une augmentation des diarrhées sur les veaux avec un doublement de la mortalité néonatale et un déficit de 30 % à un triplement de la mortalité des veaux ! Par ailleurs, la vache ne revenant en chaleur que lorsqu’elle est en phase de reprise de poids, cela va augmenter d’autant l’intervalle vêlage-saillie fécondante. Ce phénomène explique la problématique des génisses qui retardent car elles ont une capacité d’ingestion plus faible et des besoins plus importants du fait de leur croissance.

Une minéralisation à raisonner…

Si l’apport de sel est indispensable toute l’année, la minéralisation peut être gérée sur les périodes de besoin spécifique. Pour le calcium et le phosphore, une distribution sur les 4 mois entourant le vêlage est souvent suffisante en élevage allaitant. Le choix de la composition se fera en fonction de la ration. Globalement, sur nos terrains granitiques et avec des rations à base d’herbe, l’accent sera mis sur le calcium plus que sur le phosphore. Pour les vaches en bâtiment, une distribution quotidienne de 100 à 150 gr de minéraux est la bonne solution. En plein air, cette correction est plus compliquée. Si les seaux à lécher présentent des compositions intéressantes, la quantité ingérée est le plus souvent très inférieure aux besoins, l’appétence ne se faisant que par le sel ou la mélasse.

… en intégrant le BACA…

Le Bilan Alimentaire Anion Cation (cf. encadré) est un élément souvent méconnu mais responsable de très nombreux problèmes cliniques : fièvre vitulaire, prolapsus utérin, œdème mammaire, non délivrance… Cela découle d’un déséquilibre d’apport entre les cations (principalement sodium et potassium) et les anions (chlore et soufre). Cela entraine une hausse du pH sanguin responsable de ces troubles et que l’on peut mesurer facilement par les pH urinaires. De manière empirique, si vous apportez des rations à base d’herbe ou de luzerne, riches en potassium, il est intéressant d’apporter des anions pour corriger le BACA. La solution la plus simple consiste à donner aux vaches en fin de gestation 50 à 100 g/j de chlorure de magnésium.

 

… sans oublier les oligoéléments

Bien que présents en très faible quantité dans l’organisme (il y a 12 mg de cobalt dans un bovin !), les oligoéléments jouent un rôle déterminant dans la santé des animaux, par leur pouvoir anti-oxydant, leur rôle dans le fonctionnement des hormones ou l’immunité. On les trouve en quantité variable dans les AMV (Aliment Minéral et Vitaminé), mais souvent insuffisante pour certains. Les carences les plus importantes observées sur nos sols granitiques concernent le sélénium, l’iode et le cuivre. Une analyse sanguine permettra d’estimer les besoins et une correction spécifique sera mise en place.

Une problématique spécifique les années de sécheresse

Les années de sécheresse constituent un stress important pour l’éleveur, mais aussi pour ses animaux. S’il est indispensable d’abreuver correctement les animaux, il ne faut pas oublier le volet alimentaire en surveillant les notes d’état corporel. Cela coûte toujours moins cher d’entretenir un état moyen que de remonter des animaux maigres. Les rations sont souvent fortement carencées en minéraux, ce qui impose des apports constants. Avec l’absence d’herbe et la distribution précoce de fourrages, on constate l’apparition de carences en vitamine A, qui est détruite par la conservation. Un apport sous forme orale ou injectable permet de corriger ce problème à faible coût (cf. article du 21/08/2019).

Gestion du parasitisme

Les parasites internes des bovins spolient les animaux à plusieurs niveaux : baisse de croissance et de production, mais également forte consommation d’oligoéléments et baisse des défenses immunitaires. Ce rendez-vous des 2 mois avant le vêlage permet de faire le point : où les animaux ont-ils pâturés ? Que donnent les résultats d’analyses coproscopiques et sérologiques ? Quel est le niveau d’immunité des vaches concernées ? En fonction de ces éléments, un traitement pourra éventuellement être instauré (cf. articles des 13/11/2019 et 27/11/2019).

Mise en place d’une vaccination

Si vous avez été confronté sur les dernières campagnes à des problèmes de diarrhées néonatales, cela peut être l’occasion de réfléchir à la mise en place d’une vaccination. Les valences choisies se feront en concertation avec votre vétérinaire en prenant en compte l’historique de l’exploitation. Il faut bien garder à l’esprit que cette vaccination ne sera fonctionnelle que si l’ensemble des mesures précédentes ont été mises en œuvre, car elle va dépendre de la réponse immunitaire de la mère.

Une gestion globale pour un vêlage réussi

Composante du concept « Le sanitaire… j’adhère ! », la préparation au vêlage est un moment déterminant dans la conduite d’un troupeau allaitant. Elle fait intervenir presque tous les éléments d’une bonne gestion sanitaire (alimentation, minéralisation, parasitisme, immunité) pour obtenir un veau résistant à la naissance et des colostrums de qualité pour un veau en bonne santé dès le départ dans sa vie (cf. article du 11/12/2019). Le bilan annuel avec votre vétérinaire appuyé sur votre bilan sanitaire prérempli (cf. article du 09/10/2019) vous permet d’analyser et d’adapter la gestion sanitaire de votre élevage. Nous vous accompagnons d’un point de vue technique et financier, consultez l’onglet « Boîte à outils – BOVINS » sur notre site internet gdscreuse.fr. Pour plus de renseignements, n’hésitez pas à nous contacter, votre vétérinaire traitant ou votre technicien de la Chambre d’Agriculture pour les aspects alimentaires.

Dr Boris BOUBET
GDS Creuse

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