Pâturage, bien-être animal…
Des infos aux vétos pour mieux vous accompagner !
Journée GDS Creuse-GTV 23 => Pour la 19ème journée annuelle, les vétérinaires intervenant en Creuse étaient invités à venir échanger sur l’impact du pâturage sur la santé du troupeau et sur les bonnes pratiques en matière de bien-être animal.
Dans le domaine sanitaire, vous connaissez les différents enjeux actuels : contraintes d’utilisation des médicaments, notamment les antibiotiques ; évolutions de l’environnement sociétal, réglementaire, technico-économique et épidémiologique de l’élevage et donc des attentes avec une approche plus préventive vis-à-vis des maladies ou syndromes et une prise en compte du bien-être animal. Dans ce contexte, la journée annuelle GDS Creuse-GTV 23 a été consacrée à deux actualités : la qualité du pâturage et son impact sur la santé du troupeau et les moyens de prévenir et traiter la douleur dans les élevages. Ont été également présentées à vos vétérinaires les adaptations et les nouveautés des outils GDS Creuse mis à votre disposition.
La qualité du pâturage gage de la bonne santé du troupeau
Le Dr Stéphane Daval s’est spécialisé dans l’alimentation des bovins et son impact sur la santé du troupeau. Après s’être penché sur les problématiques classiques d’équilibre de la ration ou de carences, il s’est rendu compte que les corrections effectuées ne donnaient pas toujours satisfaction. Il a donc approfondi sa réflexion en se penchant sur la qualité intrinsèque des fourrages, en relation avec la variété botanique du pâturage et le fonctionnement des sols. Il a ainsi mis en évidence que les modifications agronomiques des 50 dernières années avaient conduit à un appauvrissement des terrains, une moins bonne aération du sous-sol, le tout ayant un impact sur la flore, le fonctionnement du rumen et donc la santé des animaux. Ce constat est réversible avec des mesures simples comme éviter le surpâturage qui détruit les graminées et tasse le sol, l’apport d’amendements réguliers et une bonne gestion de l’herbe. Le résultat : une productivité qui peut atteindre les 12 tonnes à l’hectare les bonnes années, une herbe de qualité qui va assurer la santé du troupeau et limiter les pathologies sur les veaux notamment. L’intervenant a également mis l’accent sur la quantité et la qualité de l’eau mise à disposition des bovins, toute anomalie entrainant des troubles de la rumination.
Le bien-être animal, une réglementation qui évolue…
Céline Talarczyk, ingénieur à GDS France, a présenté une synthèse de la réglementation et des attentes sociétales sur le bien-être animal. Cinq libertés fondamentales ont été définies garantissant les conditions de « bientraitance », ces éléments étant assez facilement objectivables (cf. illustration). Ils font l’objet de points de contrôle lors des visites de conditionnalité des aides compensatoires. Avec l’évolution des connaissances sur « la conscience » des animaux, l’ANSES a proposé une nouvelle définition du bien-être mettant en avant « l’état mental et physique positif de l’animal » (cf. article du 06/06/2018). Cette définition introduit des notions plus subjectives et variables selon les espèces.
… et un sujet de société incontournable
Le consommateur est devenu plus urbain et son rapport à l’animal a changé. Il se préoccupe plus de l’impact de l’élevage sur l’environnement, des conditions de détention et d’abattage des animaux. Même s’ils restent très minoritaires, les mouvements animalistes ont un poids médiatique important et leur influence se fait sentir. Une enquête CSA 2018 montre que 90 % des français interrogés disent que le bien-être animal est une cause qui leur tient à cœur. Le monde de l’élevage doit se montrer plus vertueux sur certains points mais surtout communiquer sur la réalité des faits : faire savoir votre savoir-faire en matière de bientraitance des animaux d’élevage, la maltraitance en élevage restant très minoritaire et est suivie (cf. ci-dessous).
Des vétérinaires en appui du dispositif
Le Dr Nathalie Laufrais, du GTV Nouvelle-Aquitaine, a insisté sur le rôle primordial du vétérinaire dans le dispositif bien-être animal ; il a l’expertise nécessaire, il se trouve au contact des élevages ou des filières d’abattage et il a le mandatement par l’Etat via son mandat sanitaire. Par sa formation initiale et continue, par sa préoccupation quotidienne de restauration de la santé des animaux, le vétérinaire appréhende les différentes facettes du bien-être animal.
La gestion de la douleur en élevage
Lors de ses interventions, le vétérinaire est amené à traiter des affections douloureuses, ou à pratiquer des interventions qui génèrent de la douleur. Le Dr Vincent Plassard, de l’ENV d’Alfort, a fait un point sur les mécanismes nerveux de la douleur et sur la nécessité de sa prise en compte par le vétérinaire. Un animal en souffrance, au-delà de l’aspect moral, va présenter une baisse de productivité et peut s’avérer dangereux pour l’éleveur. Les molécules disponibles en élevage sont moins nombreuses qu’en humaine, mais grâce à l’anesthésie locale, les sédatifs ou les anti-inflammatoires, elles permettent de gérer les affections courantes. Au cas par cas, vétérinaire et éleveur doivent analyser la situation, traiter la douleur lorsqu’elle est présente et surtout la prévenir lors d’intervention comme une césarienne, une extraction forcée ou une castration. Il a également été rappelé qu’au-delà de 4 semaines, tout écornage devait se faire sous sédation ou anesthésie locale et que l’emploi d’un AINS était fortement conseillé quel que soit l’âge de l’animal.
L’animal accidenté, une problématique accrue
Le Dr Pascale Gilli-Dunoyer (DDCSPP 23) a fait le point sur la réglementation concernant l’abattage des animaux accidentés. Peuvent être présentés à l’abattoir les animaux se tenant debout et accidentés depuis moins de 48h00. Un nouveau certificat vétérinaire d’information (CVI) a été mis à disposition des vétérinaires ainsi qu’un guide de transportabilité qui analyse différentes situations. Dans les autres cas, les animaux doivent être euthanasiés. L’abattage d’urgence à la ferme, s’il est théoriquement possible, est soumis à des règles très strictes : l’animal doit être vu par un vétérinaire qui rédige un CVI, abattu sur place dans de bonnes conditions et acheminé vers un abattoir dans les 2h00 ou immédiatement réfrigéré avant son transport. L’inspection finale sera alors faite par un vétérinaire d’abattoir. Dans tous les cas, l’abattoir de destination est à contacter pour s’assurer qu’il accepte l’animal et connaître l’horaire d’amenée. Enfin, l’abattage clandestin est un délit passible de 6 mois d’emprisonnement, 15.000 € d’amende et une saisie sur les aides compensatoires.
La cellule protection animale creusoise
La journée a été clôturée par une table ronde sur notre cellule protection animale. Créée en 1999 à l’initiative de GDS Creuse avec les acteurs locaux, elle s’adapte en 2018 pour répondre à une directive nationale. Les représentants des vétérinaires via le GTV ou le SDVEL, de la DDCSPP, du GDS et de la Chambre d’Agriculture ont échangé sur son rôle, sur la nécessité de signaler les dérives le plus tôt possible afin d’intervenir précocement et sur les résultats obtenus en près de 20 ans. Il a été rappelé que l’objectif premier est d’accompagner des éleveurs qui présentent des difficultés afin de les aider à retrouver un cheptel en bonne santé ou de le céder dans de bonnes conditions économiques.
Une boîte à outils GDS Creuse qui évolue
Cette journée a également permis de présenter aux vétérinaires présents les outils mis à leur disposition par GDS Creuse : kit diarrhée, respiratoire, avortement, parasitisme… Ils s’inscrivent dans un objectif de développement de l’approche collective du troupeau, avec notre concept « Le sanitaire… j’adhère ! ». Pour mieux connaître l’ensemble de cette « boîte à outils GDS Creuse » pour les différentes espèces, consultez le site www.gdscreuse.fr. Vous les retrouverez également dans votre prochain GDS Creuse Mémo actualisé que vous allez recevoir en fin d’année. Pour plus de renseignements, n’hésitez pas à contacter votre vétérinaire ou GDS Creuse.