Parasitisme de stabulation
Des spécificités à connaître pour mieux agir
Le parasitisme en stabulation => Le confinement et la promiscuité en stabulation exposent les animaux à des parasites spécifiques qu’il convient de prendre en compte pendant l’hiver.
Durant la période hivernale, les bovins sont le plus souvent rentrés en bâtiment afin de leur offrir de meilleures conditions de vie et de faciliter la surveillance, notamment au moment des mises bas. Cela s’accompagne d’une augmentation de la densité des animaux dans un environnement chaud et humide, propice au développement de certains parasites.
Les nématodes n’épargnent pas les jeunes veaux
Les très jeunes veaux peuvent être contaminés par un ascaris, Toxocara vitulorum et un petit strongle, Strongyloides papillosus. Ces parasites ont la particularité d’être principalement transmis au veau par le colostrum et le lait pendant les tout premiers jours de sa vie. Toxocara ne s’observe que sur les veaux de moins de deux mois et l’impact clinique est le plus souvent faible. Etant spontanément éliminé du fait de la réaction immunitaire locale, la mise en évidence d’ascaris dans les matières fécales indique que l’infestation est terminée. Strongyloides est plus fréquent, il peut provoquer des diarrhées confondues avec celles bactériennes, virales ou coccidiennes. Des cas de mortalités subites sans prodromes en relation avec des infestations massives par Strongyloides ont été rapportés. Le diagnostic de ces parasites est essentiellement coproscopique entre l’âge de 3 semaines et 2 mois pour Toxocara, dès la première semaine pour Strongyloides. En cas de contamination, un traitement strongylicide des jeunes veaux sera d’autant plus intéressant qu’il aura également une action sur les poux. Le contrôle global de la strogyloïdose reste cependant hypothétique car le milieu extérieur est une source profuse de larves infestantes issues d’un cycle parasitaire libre.
La coccidiose, parasite principal du veau en stabulation…
La coccidiose demeure la plus courante des parasitoses digestives du veau. Différentes enquêtes montrent la présence de coccidies dans 85 % des élevages et trois espèces pathogènes dominantes : Eimeria bovis (88 %), Eimeria zuernii (75 %) et Eimeria alabamensis (75 %) avec de fréquentes associations, mais pas de protection croisée. Rappelons qu’il existe une spécificité d’hôte très stricte qui interdit tout échange de coccidies entre bovins, ovins, caprins et volailles.
… avec de 1 mois à 2 ans, une expression de la maladie selon deux modalités…
La pénétration du parasite dans les cellules intestinales n’intervient qu’à partir du 16ème jour du cycle, un veau ne peut donc pas présenter de signes de coccidiose avant l’âge de 17 ou 18 jours. La maladie se développe alors selon deux modalités différentes :
- Lors de forte infestation coccidienne, les symptômes interviennent autour de l’âge d’un mois. Les veaux présentent une diarrhée hémorragique d’apparition brutale, avec des efforts et de l’abattement.
- En cas d’infestation modérée, les veaux présentent un retard de croissance avec poil piqué et postérieur souillé.
Le diagnostic est basé sur les commémoratifs, l’épidémiologie et les signes cliniques. Le diagnostic de confirmation repose sur la coprologie. Du fait que les signes cliniques précèdent l’excrétion d’ookystes, et donc qu’il n’y a pas de relation entre la gravité de la maladie (diarrhée) et l’excrétion d’ookystes, un prélèvement fécal sur un seul veau ne permet pas de faire un diagnostic fiable au laboratoire. Lors de toute suspicion clinique (diarrhée avec sang) ou subclinique (bouses molles, appétit plus faible, croissance limitée), il sera réalisé des prélèvements sur 5 ou 10 veaux suspects ou à risque. Une analyse coprologique de mélange de 5 veaux sera effectuée (les prélèvements sont réalisés de manière individuelle, c’est le laboratoire qui effectue le mélange). Si le résultat est inférieur à 1.000 œufs par gramme de fèces, il n’y a pas d’impact zootechnique.
… et une intervention en deux étapes : lutte et prévention médicales…
Le traitement de base d’un animal atteint est anticoccidien. Comme l’atteinte de la muqueuse intestinale est profonde, un traitement symptomatique (perfusion en cas de déshydratation, pansement intestinal, antihémorragique) et un traitement antimicrobien l’accompagnera. Pour les autres veaux du même âge, lorsque plus de 10 % de l’effectif est concerné ou en anticipation de la maladie, une métaphylaxie (traitement de l’ensemble du lot) peut être mise en place, elle n’interviendra jamais avant le 15ème jour d’âge et sera effectuée idéalement une semaine avant l’âge où surviennent habituellement les cas cliniques afin de limiter l’impact sur l’immunisation des bovins vis à vis de la coccidiose
… couplée à une prévention sanitaire
Quel que soit le système d’élevage, la plupart des veaux hébergent précocement la plupart des espèces coccidiennes. Le contact du veau avec les coccidies induit la mise en place progressive d’une immunité de très bonne qualité. La phase de contamination en stabulation est donc essentielle et, en particulier, celle de contamination très précoce dès les deux premières semaines de vie. Une infection réduite avec une pression ookystale trop faible ne déclenche pas la réponse immune. A l’inverse, un milieu infecté avec une pression ookystale forte génère certes une immunité solide mais avec des épisodes cliniques ou subcliniques. Il convient donc de limiter la dynamique de contamination afin que le veau acquière son immunité sans être dépassé par la pression infectieuse. Un traitement anticoccidien trop précoce réduit l’immunité naturelle des jeunes bovins et peut donc s’avérer contreproductif. Pour plus d’informations, consultez le dossier Coccidioses bovines dans le chapitre Parasitisme de l’onglet Boîte à outils – Bovins sur notre site.
Un schéma de lutte et de prévention à définir au sein de chaque élevage
Les objectifs du contrôle des parasites peuvent être listés de la manière suivante : éviter tout épisode clinique, minimiser les répercussions zootechniques et permettre l’installation d’une immunité solide et durable. Cela passe par une bonne connaissance des facteurs de risques afin de définir « sur mesure » la stratégie sanitaire et, éventuellement, médicale en cas de non-gestion possible d’un ou plusieurs facteurs de risque. C’est une étape essentielle de notre concept « Le sanitaire … j’adhère ! ». Pour plus de renseignements, n’hésitez pas à contacter votre vétérinaire ou GDS Creuse. Rendez-vous le 10 mars à notre journée portes ouvertes pour échanger sur ce sujet et d’autres…
Dr Boris BOUBET
GDS Creuse
Important!
Les poux aiment le confinement
La période de stabulation est la plus favorable à la transmission des poux entre bovins. Visibles à l’œil nu, ces derniers peuvent se répartir sur tout le corps ou bien se concentrer à la base des cornes et des oreilles, sur l’encolure et sur la ligne de dos ou à la base de la queue. Les poux des bovins sont des parasites obligatoires des bovins. Ils ne peuvent survivre que 3 à 7 jours dans l’environnement et ne peuvent infester une autre espèce animale que les bovins. Leur transmission se fait par contact direct ou indirect d’un animal infesté à un autre. Deux genres de poux sont à distinguer. Les poux broyeurs sont trapus, de couleur marron et bougent beaucoup. Comme ils se nourrissent des débris cutanés, seuls les traitements en application dorsale se montrent efficaces. Les poux piqueurs ont une tête allongée, sont noirâtres et restent immobiles. Se nourrissant de sang, ils sont plus pathogènes et sensibles aux antiparasitaires en injection. Le choix du traitement se fera en fonction des poux à traiter, des délais d’attente des produits et de la rémanence espérée. La principale source de contamination étant le contact entre bovins, il importe de traiter l’ensemble d’un lot le même jour, c’est l’une des clefs de réussite.