La cryptosporidiose des bovins
Mieux la connaître pour mieux la gérer
Cryptosporidiose du veau => La cryptosporidiose du veau constitue un type de diarrhée néonatale qui nécessite une approche particulière et représente un signe d’appel majeur de mise en place de plan de prévention collectif au niveau du troupeau.
La mise en évidence de l’implication de Cryptosporidium parvum, agent de la cryptosporidiose est relativement récente puisque le premier cas de diarrhée attribuée aux cryptosporidies date de 1971.
Un cycle parasitaire efficace entraînant une épidémiologie explosive
Les cryptosporidies sont des protozoaires apparentés aux coccidies. Elles se caractérisent par un cycle de développement avec tous les stades chez un seul hôte. Les ookystes (dénomination des « œufs » de protozoaires) ingérés par l’hôte contiennent chacun 4 sporozoïtes (formes infectantes du parasite) qui sont libérés dans la lumière intestinale et se fixent sur les microvillosités (« bordure en brosse ») intestinales. La brièveté du cycle (4 jours), associée à son efficacité (le coefficient multiplicatif entre parasites ingérés et parasites rejetés est très élevé) explique l’aspect explosif de l’infection dans les élevages. Les veaux avec une diarrhée cryptosporidienne excrètent plusieurs millions, voire plusieurs dizaines de millions de parasites par gramme de fèces. Les animaux ingèrent les parasites, directement infectants, excrétés dans les matières fécales de congénères infectés.
Une présence fréquente, des symptômes entre 4 jours et 3 semaines
Entre 4 et 21 jours d’âge, tous les veaux sont confrontés aux cryptosporidies. Dans 80 % des cas, l’immunité se met en place sans épisode diarrhéique. Si d’autres agents sont impliqués (salmonelles, colibacilles, rotavirus ou coronavirus), la diarrhée peut commencer dès 4 jours, ce qui correspond à la durée du cycle des cryptosporidies. En l’absence de co-infection mais avec une pression parasitaire très élevée, les premiers veaux touchés dans un élevage présentent de la diarrhée vers 8-10 jours d’âge. Lorsque la saison de vêlage avance et que la concentration en cryptosporidies augmente dans l’environnement, l’âge de l’apparition diminue.
L’analyse, indispensable pour bien traiter et adapter la prévention
Rien ne ressemble plus à une diarrhée de veau qu’une autre diarrhée. Certains éléments permettent d’orienter vers une cause plutôt qu’une autre (âge à l’apparition de la diarrhée, déshydratation, mortalité, aspect des fèces…) mais aucun signe spécifique ne permet de connaître avec certitude l’agent responsable. Etre sûr du diagnostic et donc mettre en place une lutte efficace demandent une analyse de fèces pour connaître le ou les agents en cause. Les kits rapides sont insuffisants pour la cryptosporidiose, le dénombrement étant indispensable. En effet, leur seule présence ne permet pas de conclure sur leur rôle dans l’épisode diarrhéique en cours.
Des moyens de traitement limités
L’arsenal thérapeutique vis à vis de la cryptosporidiose est limité. De nombreuses molécules ont été testées et très peu se sont montrées efficaces. Actuellement, Halocur® (lactate d’halofuginone) est la seule spécialité dont l’efficacité dans la prévention et la réduction des diarrhées néonatales dues à C. parvum chez le veau a été démontrée et reconnue par les autorités en France. Son indication se situe sur des diarrhées apparues depuis moins de 24 heures, une fois par jour pendant 7 jours. Après, le nombre de formes sexuées devient trop important. Etant donné le caractère mixte de ces infections, le plus souvent, le vétérinaire complète sa prescription avec de la réhydratation, un traitement antibiotique et des pansements digestifs. Un traitement à base de charbon activé associé à un mélange d’acides organiques a démontré une diminution de 67 % de l’excrétion avec une amélioration clinique des animaux traités. Depuis peu, un antibiotique, historiquement utilisé dans les élevages confrontés à de la cryptosporidiose, a obtenu une AMM avec l’indication « traitement des infections intestinales à E coli ». Il s’agit d’un antibiotique de la famille des aminosides, potentiellement capable de passer la barrière intestinale sur de jeunes animaux avec le risque de provoquer des lésions rénales. Ce médicament ne peut être utilisé dans l’indication « cryptosporidioses » qu’après déclaration auprès de l’Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV) de l’inefficacité du traitement référence avec Halocur.
Une prévention d’abord sanitaire
Etant donné les caractéristiques épidémiologiques de ce parasite, la cryptosporidiose clinique se rencontre dans les élevages présentant une protection immunitaire insuffisante et/ou des facteurs favorables de dynamique de contamination. En conséquence, la prophylaxie sera d’abord sanitaire avec :
- Pour l’insuffisance immunitaire, la vérification de l’absence de circulation de BVD ou maladie des muqueuses et le contrôle du transfert immunitaire sur un échantillon de veaux. Les animaux carencés en sélénium sont également plus sensibles.
- Pour la dynamique de contamination, l’allotement des veaux, l’isolement des malades, la remise en lot des vaches non-vêlées dans des zones propres ou désinfectées…
En cas de besoin, l’intervention médicale aura pour but de limiter le recyclage des ookystes et donc le degré de contamination du veau et de son environnement. Halocur® est le seul médicament disposant d’une autorisation de mise sur le marché dans cette indication. Son utilisation dans un cadre préventif sera réalisée dès les premiers veaux à diarrhée, après analyse mettant en évidence le parasite et sur tous les veaux dans les premières 48 heures de vie et pendant 7 jours.
Une résistance forte et prolongée dans le milieu extérieur
Les cryptosporidies sont des parasites particulièrement résistants dans le milieu extérieur où elles peuvent survivre plus d’un an. Les désinfectants usuels sont inefficaces aux doses classiques. En pratique, pour une bonne désinfection, les bâtiments d’élevage doivent être entièrement curés, nettoyés puis désinfectés à l’eau bouillante (90°C) ou traités avec un produit efficace (Prophyl 75® ou Kenocox®) avec un temps de contact de plusieurs heures. Un vide sanitaire de 15 jours minimum est conseillé et les animaux ne doivent en aucun cas être réintroduits moins de 24 heures après le traitement. La désinfection concerne les sols et les murs jusqu’à un mètre de haut, ainsi que tout le matériel en contact avec les veaux (seaux, sondes…). La désinfection est indispensable mais insuffisante pour juguler l’infection. Elle réduit significativement la pression d’infection du milieu extérieur mais ne s’oppose pas à la recontamination à partir des animaux porteurs sains.
En conclusion, une pathologie nécessitant une prévention de troupeau avec le plan « diarrhées » GDS Creuse à votre disposition
La cryptosporidiose représente le type de pathologie pour lequel la résolution de la problématique est nécessairement préventive. Les cryptosporidies sont des parasites présents dans tous les élevages. Seules les insuffisances immunitaires et/ou les facteurs favorisants de contamination permettent leur développement entraînant des signes cliniques sur les animaux. En cas de présence de cryptosporidiose dans votre élevage, la première phase consistera en une association de mesures sanitaires et médicales afin de limiter son impact. Dans une seconde phase, une visite d’élevage sera effectuée pour recenser les facteurs de risques et les solutions à mettre en place afin de réaliser une prévention efficace et durable. Cela correspond à la mise en place du plan diarrhée de GDS Creuse en relation avec votre vétérinaire (voir GDS Creuse Mémo n°16 ou www.gdscreuse.fr, dossier santé du veau dans l’onglet « boîte à outils – bovins »). Pour tout renseignement complémentaire, contactez votre vétérinaire sanitaire ou GDS Creuse et venez nous rencontrer lors de notre prochaine journée « portes ouvertes » du 11 mars.