L’élevage de ruminants français subit actuellement deux épizooties distinctes innédites. Ces maladies sont provoquées par des virus de la famille des Orbivirus, identifiés par leur sérotype (32 pour la FCO, 8 pour la MHE). Il n’y a pas de transmission directe, ce sont des insectes piqueurs, les culicoïdes, qui diffusent la maladie. Les femelles piquent tous les 3 à 4 jours et c’est à l’occasion de ce repas de sang que se fait la contamination. La survie (une vingtaine de jours en moyenne), l’activité (principalement du crépuscule à l’aube) et la dispersion de ces moucherons piqueurs sont fortement influencées par les variables météorologiques telles que la température (au-dessus de 13 °C), l’humidité, l’agitation de l’air (déplacement 2 à 5 km par jour, beaucoup plus par grand vent), la phase lunaire…
Quel est l’impact clinique des différents virus ?
Après 1 semaine d’incubation, les signes cliniques apparaissent : hyperthermie, difficultés de locomotion, ulcérations dans la bouche avec difficulté à s’abreuver, croûtes sur le mufle, jetage ou encore langue bleue (FCO chez les ovins), lésions sur les trayons. De nombreux animaux peuvent être malades. L’impact clinique est variable suivant les virus : très important sur les bovins et les ovins pour la FCO (le sérotype 4 étant moins pathogène que les sérotypes 3 et 8), quasi-exclusivement bovins pour la MHE et les caprins semblant moins sensibles. La circulation des virus a également un impact majeur sur la reproduction, avec des animaux non gestants et les sérotypes 3 et 8 ayant la capacité de passer la barrière placentaire, entrainant la naissance de nouveau-nés malformés (hydrencéphalie, micrencéphalie…). On observe également plus de cliniques sur les animaux adultes que sur les jeunes, et une surmortalité sur les adultes.
La carte ci-dessous propose un état des lieux des départements actuellement touchés par ces virus.
Important!
FCO BTV8
676 cas cliniques FCO sérotype 8 (465 foyers bovins, 206 foyers ovins et 4 foyers caprins) sont confirmés sur notre département .
- Surveillez régulièrement les animaux
- Veillez à une accessibilité à l’abreuvement facile
- Contactez rapidement le vétérinaire si suspicion (les signes cliniques ici). Sa visite et les analyses sont prises en charge dans le cadre de la police sanitaire.
- Pensez à réaliser des diagnostics de gestation (échographies) et tester la semence des mâles en cas de doute, et surtout déclarez les avortements et veaux morts-nés.
- Veillez à l’équilibre de la ration et à la complémentation minérale.
L’intérêt de la vaccination dans un contexte de circulation virale est à évaluer au cas par cas avec votre vétérinaire.
Cas cliniques creusois : source Cabinets vétérinaires Bénévent l’Abbaye et Ahun
Important!
Les autorités espagnoles ont modifié hier leurs conditions au regard de la FCO :
Ainsi, lorsque les sérotypes présents dans la zone d’origine sont présents dans la zone de destination, les bovins et les ovins peuvent partir avec comme seule condition l’absence de signes cliniques.
A ce jour, la France est non indemne de FCO pour les sérotypes 3, 4, 8 et, à l’exception des îles Canaries et Baléares, toute l’Espagne est non indemne de FCO pour les sérotypes 1 3 4 et 8.
Les bovins et ovins originaires de France peuvent donc désormais partir sans condition FCO (vaccination ou PCR) en Espagne continentale.
Important!
FCO BTV3
Le nombre de foyer confirmés dans le Nord et l’Est de la France progresse toujours.
1er foyer identifié en Creuse chez les ovins.
Si les bovins peuvent être malades, les ovins semblent plus impactés (mortalité).
La DGAl a précisé que « l’arrêté fixant les mesures de surveillance, de prévention et de lutte relatives à la lutte contre la fièvre catarrhale ovine sur le territoire métropolitain a été modifié le 12 février 2025.
Ainsi le sérotype BTV3 est désormais considéré comme enzootique sur le territoire métropolitain. Il n’existe donc plus de zonage évolutif.
Notice
Pour les mouvements FCO
Toutes les informations OFFICIELLES en vigueurs sont disponibles
2025 02 NOTE-FCO-echanges-UE
Important!
MHE
3752 foyers recensés (+41 par rapport à la semaine dernière)
Liste des communes françaises zone régulée MHE
https://agriculture.gouv.fr/mhe-la-maladie-hemorragique-epizootique
2 foyers identifiés en Creuse
Les bovins sont plus impactés que les ovins et les caprins.
Une zone régulée de 150 km autour des foyers avec un dépistage obligatoire (PCR) pour sortir de la zone (ZR) en France et certains exports (Italie).
Contactez rapidement le vétérinaire si suspicion. Sa visite et les analyses sont prises en charge dans le cadre de la police sanitaire.
Vaccin disponible
Le vaccin HEPIZOVAC permet la certification aux échanges. Les bovins vaccinés par un vétérinaire avec ce vaccin pourront partir aux échanges sans analyse PCR 21 jours après le rappel de la primo-vaccination.
Par ailleurs le laboratoire CEVA commercialisant le vaccin, dont la commande sera faite selon les mêmes modalités que le vaccin FCO-3 en zone vaccinale, indique que la vaccination concomitante FCO et MHE n’est pas recommandée en l’absence de données sur les interactions possible.
Important!
QUELQUES QUESTIONS SUR LA FCO et la MHE
Un enjeu sanitaire et commercial majeur
Quels sont les points communs entre ces maladies ?
Ce sont des maladies des ruminants provoquées par des virus de la famille des Orbivirus, identifiés par leur sérotype (24 classifiés pour la FCO, 7 pour la MHE). Il n’y a pas de transmission directe, ce sont des moucherons piqueurs, les culicoïdes femelles, qui diffusent la maladie. Les femelles piquent tous les 3 à 4 jours et c’est à l’occasion de ce repas de sang que se fait la contamination. La survie (une vingtaine de jours en moyenne), l’activité (principalement du crépuscule à l’aube) et la dispersion de ces moucherons piqueurs sont fortement influencées par les variables météorologiques telles que la température (au-dessus de 15 °C), l’humidité, l’agitation de l’air (déplacement 2 à 5 km par jour, beaucoup plus par grand vent), la phase lunaire…
Quels sont les signes cliniques observés ?
Les symptômes sont très semblables quel que soit le virus. Après 1 semaine d’incubation, les premiers signes cliniques apparaissent : hyperthermie, abattement, difficultés de locomotion, ulcérations dans la bouche avec hypersalivation, difficulté à s’abreuver, œdème de la face et langue « bleue » (FCO chez les ovins), croûtes sur le mufle, jetage et lésions sur les trayons (surtout sur les bovins). De nombreux animaux peuvent être malades et on observe plus de clinique sur les animaux adultes que sur les jeunes. Le traitement sera symptomatique et d’autant plus efficace s’il est mis en place au début des symptômes. La difficulté à boire explique la plupart des mortalités, le drenchage des animaux pouvant s’avérer nécessaire pendant plusieurs jours.
Le pouvoir pathogène est-il le même pour tous les virus ?
L’impact clinique est variable suivant les virus : très important sur les bovins et les ovins pour la FCO 3 et 8 (le sérotype 4 continental étant très peu pathogène), quasi-exclusivement bovins pour la MHE et les caprins semblent moins sensibles. La circulation des virus a également un impact majeur sur la reproduction, avec des animaux non gestants, des avortements et les virus de FCO ayant la capacité de passer la barrière placentaire, cela peut entrainer la naissance de nouveau-nés malformés (hydrencéphalie, micrencéphalie…).
Comment me protéger de ces virus ?
- Peu de mesures ont fait preuve de leur efficacité sur les vecteurs. La désinsectisation des bâtiments n’a démontré aucune efficacité pour baisser la quantité de culicoïdes. Les insecticides utilisés classiquement chez les ruminants ont une efficacité moindre sur les culicoïdes et nécessitent des traitements tous les 7 à 10 jours (en prenant également en compte les délais d’attente viande et lait). La rentrée dans les bâtiments des animaux à l’aube et au crépuscule s’avère assez efficace mais pas forcément facile à mettre en œuvre. Concernant les moyens de transport, la désinsectisation reste recommandée pour éviter une propagation plus rapide par le déplacement de culicoïdes infectés.
- L’objectif principal est d’avoir des animaux en bonne santé, plus susceptibles de bien se défendre contre les virus. Cela passe par la gestion du parasitisme, l’alimentation, la minéralisation, un accès facile à l’eau…
- Plusieurs vaccins existent ou sont en cours de déploiement contre ces virus. Leur efficacité est incontestable, la vaccination reste la mesure la plus efficace à mettre en œuvre.
Qu’est-ce qu’un vaccin ?
L’organisme a la capacité de mémoriser des agents pathogènes pour répondre plus rapidement, plus spécifiquement et plus efficacement en cas de nouvelle agression. On injecte donc du virus mort (ou des fragments de virus) pour sensibiliser les animaux avant l’arrivée du virus sauvage.
Quel bénéfice puis-je attendre des vaccins ?
L’objectif premier est une réduction des symptômes de la maladie, des impacts sur la reproduction et de la mortalité, et tous ces vaccins répondent à cette exigence. L’autre objectif est une prévention de la virémie qui limite la propagation de la maladie et permet des échanges d’animaux vaccinés (vaccins FCO 4 – 8, Bultavo 3 et Hepizovac).
Qui peut vacciner ?
Pour la protection des troupeaux, l’éleveur peut vacciner lui-même ses animaux.
Pour la certification aux échanges, la vaccination doit être faite par le vétérinaire.
Quels sont les points à respecter pour une bonne efficacité vaccinale ?
Les vaccins sont des produits fragiles, le premier point est le respect de la chaîne du froid. Et pour une bonne efficacité, il faut que le système immunitaire soit efficace, donc des animaux en bonne santé, minéralisés et déparasités.
À partir de quel âge puis-je vacciner et au bout de combien de temps est-ce efficace ?
Ces éléments sont propres à chaque vaccin, vous trouverez les réponses dans le tableau.
Puis-je vacciner des animaux gestants ?
Les notices des vaccins n’indiquent pas de contre-indication pendant la gestation. Le seul impact marginal observé est en tout début de gestation. Le risque principal concerne plutôt la manipulation des animaux.
Puis-je vacciner les mâles reproducteurs ?
Les notices indiquent : « le vaccin devrait être utilisé en fonction de l’évaluation du rapport bénéfice/risque ». Comme pour tout vaccin, il peut y avoir une hyperthermie transitoire avec baisse de la spermatogenèse. On conseille de vacciner les mâles en dehors des périodes de reproduction mais le contexte est également à prendre en compte (arrivée imminente de la maladie avec un très fort impact sur les béliers par exemple).
J’ai vacciné pour la FCO en 2024, dois-je faire un rappel en 2025 ?
L’immunité conférée par la vaccination est de 12 mois. Même si les animaux gardent la mémoire immunitaire, on aura une réponse plus rapide si un rappel a été effectué. Contactez votre vétérinaire pour établir votre protocole de vaccination.
Si j’ai vacciné pour la FCO 4 – 8, mes animaux sont-ils protégés contre la FCO 3 ?
On parle parfois de protection « croisée », mais malheureusement, même si tous ces virus appartiennent à la même famille, cela ne fonctionne pas dans ce cas.
Puis-je associer plusieurs vaccins en même temps ?
Il est possible de coupler vaccination FCO 4 – 8 et FCO 3, pour la MHE, à voir avec votre vétérinaire. Mais il ne faut pas mélanger les vaccins dans la même seringue, les excipients pouvant être différents.
Qui paye les vaccins aujourd’hui ?
L’État met gratuitement à disposition des éleveurs un stock de Bultavo 3 pour les ovins et Bluevac 3 pour les bovins. Il faut donc vacciner le cheptel avant que le virus arrive. Rapprochez-vous de votre vétérinaire sanitaire. Les vaccins contre la FCO 4 – 8 et la MHE sont à la charge des éleveurs.
Peut-on vacciner en milieu infecté ?
Comme pour tous les vaccins, il est préférable de vacciner préventivement.
Si on n’a pas anticipé l’épidémie, il reste possible de vacciner en milieu infecté. Il convient alors de mettre en balance les avantages (début d’efficacité assez rapide, à partir de 10 jours avec réduction des signes cliniques) et les inconvénients (stimuler l’immunité d’animaux déjà malades et en train de lutter contre le virus sauvage). Pour simplifier, si peu d’animaux sont contaminés, la vaccination a encore tout son intérêt, en revanche si le nombre d’animaux malades est déjà important, il vaut mieux retarder la vaccination. Chaque situation sera à évaluer au cas par cas avec votre vétérinaire.
J’ai été touché par la FCO en 2024, quelles seront les indemnisations ?
Les animaux morts et euthanasiés (séquelles de FCO) seront indemnisés sur la base de surmortalités, via le FMSE pour les bovins en FCO 8 et via le fonds d’urgence de l’État pour les ovins en FCO 8 et en FCO 3 pour les ovins et les bovins. Les programmes ne sont pas ouverts à ce jour.
FCO 3, FCO 8 et MHE ont un gros impact sur les troupeaux.
Profitez de la période hivernale pour vacciner vos animaux.