Assemblée générale de GDS Creuse du 12 avril 2024
Un bilan de l’année écoulée et un focus sur nos orientations
AG 2024 de GDS Creuse : Le Groupement de Défense Sanitaire de la Creuse a tenu le 12 avril 2024, dans la salle des fêtes d’Ajain, son assemblée générale (AG) sous la présidence de Philippe MONTEIL.
De gauche à droite – Jean-Marie COLON (Vice-Président de la Chambre d’Agriculture de la Creuse) – Emmanuelle THILL (Directrice de la DDETSPP) – Philippe MONTEIL (Président de GDS Creuse) – Dr Nicolas ATHANASSIADIS (Président du GTV 23) – Pascal ROBICHON (Président de la FRGDS Nouvelle-Aquitaine)
Après la présentation des rapports financier, du commissaire aux comptes et d’activité, le Président Philippe MONTEIL a rappelé que « sans sanitaire, pas d’élevage ! » et il a présenté les orientations de GDS Creuse pour 2024, qui se déclinent à travers nos missions historiques :
- Lutte contre les maladies contagieuses, et la mise en œuvre de mesures de biosécurité
- Garanties sanitaires des cheptels, permettant une valorisation économique du travail entrepris,
- Mutualisme, pour un bénéfice individuel et collectif,
- Information, pour mieux appréhender les enjeux des années à venir.
« Lutte contre les maladies contagieuses
- La tuberculose, dont nous sommes fort heureusement toujours indemnes sur le département, est une menace sérieuse en Nouvelle-Aquitaine. 10 cheptels creusois sont en dépistage pour 3 ans du fait de leur lien avec un foyer. Nous comptons sur le professionnalisme de tous pour bien s’assurer que la maladie ne progresse pas.
- FCO et MHE. Il y a fort à craindre que l’année 2024 voit déferler ces deux virus sur notre département. Pour la MHE, les mesures de prévention sont limitées mais pour la FCO, espérons que les éleveurs aient écouté nos recommandations de vaccination pour limiter l’impact clinique dans leur cheptel. Dans tous les cas, des animaux en bonne santé, bien nourris et avec un accès à l’eau facilité semblent plus résistants. Et si des animaux présentent des symptômes, il convient de mettre en œuvre très rapidement des mesures de traitement. Le témoignage de l’Aveyron va nous permettre de mieux appréhender cette problématique (cf.encadré).
- L’éradication de l’IBR en France est devenue un objectif majeur à l’horizon 2027 avec l’application de la Loi de Santé Animale européenne (LSA). Notre département est parfaitement placé pour y parvenir grâce au travail réalisé, il ne nous reste plus que 3 cheptels détenant des animaux positifs comme nous venons de le voir. Nous sommes toujours dans l’attente du nouvel Arrêté ministériel qui couplera aides à l’élimination des derniers animaux positifs et nouveau durcissement pour les cheptels non indemnes. Le recours important à la dérogation IBR vient récompenser les années de travail fournies pour cette pathologie. Mais notre situation favorable ne doit pas nous faire oublier que la maladie circule encore dans certains départements, et plus que jamais restons vigilants lors des mouvements d’animaux, une contamination est vite arrivée ! L’introduction doit rester un moment de vigilance, avec isolement et dépistage des autres pathologies pour tout animal acheté.
- La BVD est un autre chantier d’ampleur, les résultats sont encourageants et l’assainissement progresse. On constate malheureusement que quelques éleveurs pénalisent le collectif, que ce soit en retardant le bouclage de leurs veaux ou en ne mettant pas en place les mesures nécessaires dans leur exploitation. Les services de l’État nous aident efficacement, qu’ils en soient remerciés, mais il nous faut maintenant des évolutions réglementaires pour parvenir à l’objectif final, l’éradication en France.
- Le dépistage de la paratuberculose gagnerait à être étendu car c’est une pathologie ayant un impact important dans beaucoup d’élevages. Avec la possibilité de faire un état des lieux en analyses de mélange, moins onéreux, cela devrait permettre à plus d’éleveurs d’aller vers cette prophylaxie dès la prochaine campagne.
- La besnoitiose est une menace pour nos cheptels, qui commence à s’implanter en Creuse. Faute de réglementation nationale et de moyens financiers disponibles, nous focalisons notre action sur la gestion des introductions car c’est une maladie qui s’achète ! Mais la maitrise des maladies, c’est aussi l’accompagnement de nos adhérents au quotidien dans la mise en œuvre des mesures de biosécurité et de bien-être sur leurs exploitations. En bovin, les menaces sont nombreuses comme nous venons de le voir et la liste n’est pas exhaustive… En porc, notre département est indemne de maladie d’Aujeszky et de SDRP mais la fièvre porcine africaine est aux portes de la France.
Nous aidons ceux confrontés à des problèmes sanitaires à diagnostiquer les pathogènes, identifier les pistes d’amélioration par la réalisation d’audits et mettre en place les mesures correctives. Cet axe est déterminant pour leur permettre de retrouver une situation sanitaire satisfaisante, nécessaire à la rentabilité économique de leur exploitation.
Délégués cantonaux et représentants de différentes structures avaient répondu nombreux à notre invitation à participer à notre AG.
Garanties sanitaires de cheptels
Les FRGDS étant désignées Organisme à Vocation Sanitaire animal unique pour la période 2020 – 2024, nous sommes délégataires de nombreuses missions. Cela nous permet de délivrer des garanties qui sécurisent les échanges, que ce soit au niveau national ou international. Dans un monde toujours plus exigeant, ces garanties restent une porte d’entrée indispensable aux marchés.
L’année 2024 sera marquée par le renouvellement de l’OVS animal pour la période 2025 – 2029. Les tractations et pressions sont nombreuses auprès des ministères, certains souhaitant s’approprier la gestion du sanitaire pour mieux la contrôler ! Rappelons que les succès historiques enregistrés sont liés à nos valeurs fondatrices, indépendance et impartialité, qu’il convient de préserver.
La réforme de l’outil d’identification national est un autre chantier d’ampleur, avec la fusion des bases de données animales multi-espèces dans un dispositif plus global, SINEMA. Les GDS doivent rester associés à ces évolutions pour permettre de fluidifier les échanges en toute sécurité.
En parallèle, le projet SANIBOV permettra aux opérateurs commerciaux, par une contractualisation, de bénéficier en temps réel du statut sanitaire des animaux qu’ils achètent.
Mutualisme
Valeur historique des GDS, elle se traduit quotidiennement par l’aide apportée dans le cadre des caisses de solidarité : FMGDS, fonds de solidarité FRGDS NA et GDS Creuse, fonds d’action sanitaire, fonds porcins ASPNA et GDS Creuse.
La solidarité collective va s’appliquer dès cette année aux éleveurs concernés par la prophylaxie tuberculose. Dans le cadre de notre fonds de solidarité bovin, nous allons prendre en charge le reste à charge éleveur pour nos adhérents, s’ils sont à jour de leurs cotisations et si la prophylaxie a été effectuée de manière conforme.
En Creuse, le tiers-payant intégral ruminants permet à nos 99,5 % d’éleveurs adhérents de bénéficier de tarifs négociés, avec une mutualisation de certaines analyses. Nous payons les vétérinaires pour les actes définis en commission bipartite. Nous avons étendu la refacturation aux analyses PCR FCO et MHE pour l’exportation des animaux. L’enjeu financier est important mais nous souhaitons par cette action rester au soutien de nos adhérents.
Avec l’intégration de notre laboratoire départemental au GIP TERANA, la fin d’année 2023 a été un peu compliquée, notamment dans l’harmonisation tarifaire et les paramétrages informatiques. Le passage de la Creuse en zone régulée MHE a engendré un surcroit d’activité et entrainé des dysfonctionnements. Mais nous avons confiance dans l’équipe en place pour nous permettre de retrouver le plus rapidement possible un laboratoire de proximité, performant et avec un plateau technique élargi. Nos relations avec eux et le Conseil départemental doivent rester harmonieuses et constructives, pour le bénéfice de nos adhérents.
Formation – Information
C’est une action forte de GDS Creuse. Nos supports de communication sont reconnus de tous : GDS Creuse Mémo, article hebdomadaire repris par la Creuse Agricole et le site Plein Champ, information spécifique des vétérinaires, site internet de GDS Creuse qui va évoluer dans les mois qui viennent… La 12e édition de notre journée portes ouvertes nous a permis d’accueillir et d’échanger avec près de 400 personnes, vivement les 13es !
Localement, nous accompagnons les futurs éleveurs lors de leur scolarité, avec des formations régulières au lycée agricole d’Ahun, puis lors de leur parcours installation et enfin nous allons visiter tous les nouveaux installés, en leur proposant des aides financières sur les premières introductions, un kit DAS ou la réalisation du Bilan Sanitaire d’Elevage. La démographie agricole étant déficitaire, il est indispensable d’aider tous les candidats à la reprise d’exploitations.
Nous porterons les couleurs des GDS lors de manifestations comme Terre en fête, le Sommet de l’élevage… et le National Limousin du 13 au 15 septembre 2024 !
Enfin, nous allons poursuivre notre participation à différents groupes de travail régionaux ou nationaux pour mettre en avant l’action des GDS, toutes espèces confondues.
Farago Creuse, notre filiale services
Farago Creuse poursuit son développement et les prestations n’ont cessé de s’étoffer au fil des ans : parage, écornage, dératisation, désinsectisation, lutte contre les taupes… Avec l’évolution des demandes vers la biosécurité et le bien-être animal, nous avons développé l’offre de matériels de contention et de clôtures et avons formé nos 10 techniciens pour qu’ils puissent relayer les messages de GDS Creuse. Notre intervention lors d’épisodes d’influenza rappelle la nécessité de disposer d’intervenants de proximité, formés et équipés. En revanche, nous ne pouvons assumer seuls la charge financière du matériel de désinfection. Une réflexion doit s’engager avec nos partenaires pour son renouvellement.
Conclusion
Le contexte économique incertain, la pression sociétale sur le monde agricole et la baisse du nombre d’exploitations ont poussé dans la rue les éleveurs de Creuse et d’ailleurs. Si les causes en sont multiples, plus que jamais les exploitations ont besoin de rentabilité et cela passe par une bonne maitrise sanitaire. Il va également falloir s’adapter au changement climatique, avec son rôle dans la diffusion des maladies vectorielles mais surtout sur les récoltes et l’autonomie en eau avec un impact direct sur les animaux.
Comme au premier jour, nous, délégués cantonaux, administrateurs et salariés de GDS Creuse et de notre filiale Farago Creuse restons motivés pour accompagner les éleveurs. J’en profite d’ailleurs pour remercier les élus pour leur investissement. Nous constatons malheureusement un recul de l’engagement dans les Organisations Professionnelles Agricoles qui met en péril le modèle de fonctionnement de nos structures. Depuis 70 ans, ce sont des éleveurs qui président aux destinées des orientations sanitaires, gardons le pouvoir ! Dans les années qui viennent, notre conseil d’administration va être partiellement renouvelé, il faut que des délégués cantonaux s’impliquent pour assurer la relève, nous saurons les accompagner dans cette transition. Et je souhaite saluer le professionnalisme et l’engagement personnel de chaque salarié. Premiers contacts de nos adhérents et parfois en première ligne des expressions de colère et de mécontentement, ils ont à cœur de renseigner, expliquer et parfois soutenir les éleveurs. Qu’ils en soient remerciés.
Enfin, au nom de tous les éleveurs, je tiens à remercier une fois de plus nos partenaires : en tout premier lieu les vétérinaires, relai indispensable de nos actions et dont nous partageons plus que jamais les craintes pour le maintien d’un maillage efficace, le Conseil départemental, fidèle soutien moral et financier du monde de l’élevage, la DDETSPP et son service Santé Animale, le laboratoire Terana Creuse, le service élevage de la Chambre d’Agriculture, les OPA locales avec lesquelles nous collaborons depuis plus de 70 ans et plus largement nos instances régionale (FRGDS Nouvelle-Aquitaine) et nationale (GDS France).
Comme depuis 1953, nous allons continuer à travailler pour assurer la surveillance sanitaire du cheptel creusois et améliorer les performances économiques des élevages, autour de nos valeurs de solidarité, mutualisme, indépendance et impartialité. L’objectif, des animaux en bonne santé, productifs, donnant des produits sains pour une meilleure valeur ajoutée. Que 2024 nous permette de poursuivre le travail accompli, dans le respect de nos valeurs historiques. »
Important!
Retour sur l’épisode FCO sérotype 8 2023 en Aveyron
Audrey CARRIÈRE, Directrice du GDS de l’Aveyron, nous a présenté leur retour d’expérience sur l’épisode de FCO type 8 qui les a touchés en 2023. Mi-août, de nombreux signalements de bovins et d’ovins sont remontés avec des lésions évocatrices de FCO : ulcérations buccales, boiteries, hyperthermie, anorexie. Devant la gravité des symptômes observés, des prélèvements sont transmis au Laboratoire National de Référence (LNR) qui confirme qu’il s’agit d’une nouvelle souche de FCO type 8. La circulation du virus a été particulièrement active sur le mois de septembre et, à date, des foyers ont été déclarés sur plus de 90 % des communes du département.
Les animaux les plus touchés ont été les adultes, avec une hausse de la mortalité de 50 % chez les bovins et 53 % chez les ovins. La morbidité a été très variable suivant les élevages, allant de 1 à 73 % sur les bovins et de 1 à 47 % sur les ovins. Outre une possible sous-déclaration de ces cas, plusieurs facteurs semblent expliquer ces différences observées : historique de vaccination FCO des cheptels, statut sanitaire global du troupeau, proximité d’un point d’eau… Concernant l’impact sur la reproduction, il est encore trop tôt pour faire un état des lieux précis.