Abreuvement au pâturage
De l’eau en quantité et de qualité toute l’année
Qualité de l’eau au pâturage : Trop souvent négligée, l’eau est le premier aliment des animaux d’élevage. Afin d’assurer leurs performances, leur santé et leur bien-être, il est essentiel de garantir à tous les animaux un abreuvement adapté en quantité et de qualité tout au long de l’année.
Pendant la période de pâturage, une observation attentive du comportement du troupeau et une surveillance du débit des points d’abreuvement est primordiale.
Premier objectif, satisfaire les besoins en quantité…
Au pâturage, en plus des facteurs de variation habituels (poids vif, quantité d’aliment consommée, niveau de production), la consommation d’eau est particulièrement dépendante de la teneur en matière sèche de l’herbe, de la présence de points d’ombre, de la température et de la pluviométrie. Les quantités indiquées dans les tables sont donc très relatives (cf. illustration). Un approvisionnement insuffisant en eau entraine une baisse de l’ingestion de matière sèche et donc de la production laitière et des croissances.
… avec un débit adapté…
Le nombre d’abreuvements quotidiens au pâturage varie généralement de 2 à 5 en moyenne mais peut aller jusqu’à plus de 10. Les vaches laitières ont tendance à boire plus souvent que les vaches allaitantes et la fréquence des abreuvements augmente avec l’élévation de la température et la proximité du point d’eau. La vitesse d’abreuvement doit être de 15 à 18 litres/minute car les animaux ne restent pas plus de 2 à 4 minutes sur la zone d’abreuvement.
… en tenant compte du comportement grégaire des bovins
Lorsque les abreuvoirs sont placés à des distances proches de la zone de pâturage, les animaux viennent s’abreuver seuls ou par petits groupes de deux ou trois. Le système d’abreuvement doit permettre à au moins 10 % des animaux du troupeau de s’abreuver simultanément et fournir un quart de la consommation quotidienne du troupeau en 10 minutes. Au-delà de 200 m, les animaux ont tendance à se déplacer moins fréquemment et en grands groupes. Le système d’abreuvement doit alors permettre à au moins 20 % des animaux du troupeau de s’abreuver simultanément et la moitié de la consommation quotidienne du troupeau doit pouvoir être fournie en 10 minutes. Par exemple, pour un troupeau de 20 vaches suitées avec une consommation journalière de 1.000 litres/jour, il faut un abreuvoir pouvant accueillir au moins 4 vaches avec une capacité minimale de 500 litres ou un débit équivalent. Au-delà de 400 m, la fréquentation des zones les plus éloignées de la pâture diminue, les animaux préférant rester à proximité de l’abreuvoir. En périodes très chaudes (> à 28 C°), les animaux restreignent leurs déplacements, se regroupent dans les zones ombragées et ne vont pas boire si le site d’abreuvement en est trop éloigné. Néanmoins, il est préférable de ne pas disposer l’abreuvoir directement à l’ombre car cet emplacement risque d’être saturé par temps chaud et les animaux dominants vont monopoliser l’abreuvoir, empêchant les autres de venir.
Les eaux de surface, un risque sanitaire…
Si en bâtiment les animaux consomment le plus souvent de l’eau du réseau ou de l’eau profonde (forage, puits), au pré, le recours à l’eau de surface est largement répandu. Cela présente un risque de transmission de pathologies telles que la paratuberculose, la salmonellose ou la leptospirose, ainsi que d’autres maladies d’origine non-bactérienne, comme la coccidiose ou des viroses digestives. Les zones humides (descentes de rivières, mares, mouillères, etc.) sont des lieux privilégiés pour les parasites internes comme la grande douve et le paramphistome. En piétinant les berges, les animaux créent des zones boueuses qui favorisent la prolifération des hôtes intermédiaires, les limnées, qui excrètent ensuite ces parasites et ils viennent se fixer sur les végétaux aquatiques environnants. Lorsque les animaux accèdent directement aux points d’eau, ils ingèrent ces végétaux et se contaminent. Enfin, les eaux stagnantes, en période de chaleur, peuvent favoriser le développement d’algues ou de cyanobactéries, qui produisent des toxines plus ou moins virulentes. Même si l’animal ne déclare pas de forme clinique de maladie, il devra mobiliser ses défenses immunitaires pour lutter contre les microorganismes pathogènes ingérés, ce qui affectera ses performances de croissance et de production.
… et une qualité gustative très variable
Les animaux sont très sensibles au gout et à l’odeur de l’eau et une mauvaise qualité va rapidement limiter leur consommation. Dès 2,5 g/l de bouse, la consommation en eau est affectée, et à partir de 5 g/I, l’ingestion de matière sèche est fortement réduite. Cette information prend tout son sens quand on sait que plus d’un quart des animaux venant s’abreuver dans un point d’eau y défèquent. D’autre part, lorsque les animaux marchent dans le point d’eau, ils remettent en suspension la vase, ce qui contribue à en dégrader la qualité. Si vous souhaitez néanmoins abreuver vos animaux avec une eau de surface, privilégiez les eaux bien oxygénées, en vérifiant l’absence de contamination en amont. L’accès direct à la rivière est fortement déconseillé car source de contamination importante (piétinement des berges, risque parasitaire et contamination fécale) et risque de blessures (glissade, enlisement). Il faut privilégier des solutions de captage et de distribution à au moins 2 mètres du bord pour éviter les contaminations par ruissellement.
Des solutions techniques variées…
L’abreuvement au pâturage doit donc être mûrement réfléchi en choisissant parmi différentes solutions techniques : réseau d’adduction, bacs alimentés par une tonne à eau, pompe solaire, pompe à nez, éolienne… Chaque solution présente ses avantages et ses limites. Afin de définir le système le plus adapté à ses besoins et son environnement, il convient d’analyser les ressources disponibles, les caractéristiques de la parcelle, les besoins en eau du troupeau, les spécificités techniques de chaque dispositif ou le niveau d’investissement souhaité. Le dimensionnement du système d’abreuvement doit prendre en compte les besoins en eau du troupeau, le nombre d’animaux pouvant s’abreuver simultanément, l’accessibilité pour les veaux, le débit du système d’abreuvement et l’éloignement entre le point d’eau et le fond de la pâture.
… en mesurant systématiquement le débit distribué…
Le débit à l’arrivée est un critère fondamental qu’il faut contrôler sur le terrain car des canalisations sous-dimensionnées ou des pertes de charges importantes peuvent être responsables d’un débit insuffisant à l’abreuvoir. D’une manière générale, il est préférable de surdimensionner légèrement le système afin de sécuriser l‘approvisionnement en eau, d’éviter les temps d’attente trop longs et les bousculades. Les bovins préfèrent s‘abreuver dans des grands bacs plutôt que dans des petits et ils consomment jusqu’à 20 % de plus d’eau. En pratique, il est préférable de multiplier le nombre de points d’abreuvement plutôt que d’augmenter le volume d’un seul et séparer les bacs d’une dizaine de mètres permet de réduire le risque de bousculade car un plus grand nombre d’animaux peut s’abreuver en même temps (pas d’attente).
… et un fonctionnement à vérifier tout au long de l’année
Même si une installation d’abreuvement correctement aménagée nécessite peu d’entretien, il est impératif de vérifier son bon fonctionnement au moment de sa remise en service au printemps, puis régulièrement pendant la saison de pâturage. En période hivernale, il peut s’avérer nécessaire de stocker à l’abri du gel et des inondations le système d’abreuvement (selon le matériel concerné). Tout au long de la saison de pâturage et particulièrement lors des périodes de fortes chaleurs, les bacs doivent être nettoyés régulièrement, afin d’éviter le développement d’algues et la prolifération de bactéries. GDS Creuse et Farago Creuse se tiennent à vos côtés pour vous accompagner sanitairement et techniquement dans le choix de la solution d’abreuvement la plus adaptée à votre situation.