Assemblée générale de GDS Creuse
Un bilan de l’année écoulée et la biosécurité des élevages en perspective
AG 2022 de GDS Creuse : Le Groupement de Défense Sanitaire de la Creuse a tenu le 7 avril 2022, dans la salle des conférences du Crédit Agricole à Guéret, son assemblée générale (AG) sous la présidence de Philippe MONTEIL.
Après la présentation des rapports financier, du commissaire aux comptes et d’activité, le Président Philippe MONTEIL a présenté les grandes orientations de GDS Creuse pour 2022.
L’actualité sanitaire des animaux de rente vient rappeler que tout élevage peut à un moment être frappé par une pathologie introduite : situation de la tuberculose bovine en Nouvelle-Aquitaine, épisode d’influenza aviaire dans le sud-ouest et en Vendée, arrivée de la Fièvre Porcine Africaine en Italie. Mais nombre de menaces sanitaires sont encore plus proches et nécessitent une attention de tous les jours au sein de nos élevages. C’est ce qui guide et va guider notre action pour l’année à venir.
La notion de biosécurité a fait son apparition il y a quelques années dans le monde de l’élevage et le mot semble encore abstrait pour certains éleveurs. Et pourtant, la plupart du temps, ce n’est que la mise en application de mesures simples, peu onéreuses et du bon sens ! Et si le mot est nouveau dans notre environnement, votre GDS avait largement anticipé la liste des actions à mettre en œuvre dans notre communication autour de notre concept « Le sanitaire, j’adhère ! ».
Il faut maintenir la surveillance des troupeaux pour garantir les échanges. Avoir un cheptel sain est le meilleur moyen de ne pas contaminer le secteur intermédiaire et le voisinage. Cela passe par une surveillance annuelle des maladies réglementées. Avec l’application de la Loi de Santé Animale européenne, les modalités pratiques de cette surveillance ont et vont évoluer. Lorsque que l’incidence d’une pathologie diminue, un échantillonnage d’animaux suffit dans les élevages indemnes. En revanche, la pression doit s’accroitre sur les cheptels non indemnes pour s’assurer qu’ils ne puissent pas contaminer d’autres élevages, avec le soutien de tous. La mise en œuvre des mesures dès la dernière campagne pour l’IBR nous a permis de continuer sans problème à certifier les exportations et l’objectif de fin d’éradication en 2026 est plus que jamais atteignable en Creuse. Des évolutions sont encore à venir pour la surveillance de la brucellose et de la leucose. Nous sommes acteurs de ces changements en participant aux réflexions nationales et nous ne manquerons pas de vous tenir informés au fur et à mesure des éléments en notre possession.
Restez vigilant lors des mouvements ou des contacts de pâturage. Le contact animal – animal reste le principal facteur de risque de contamination d’un cheptel. Ne relâchons pas la garde ! Restons vigilants en toute circonstance ! La connaissance du statut du cheptel vendeur et l’isolement de tout bovin introduit ou réintroduit par exemple est une mesure simple à mettre en œuvre et qui permet à l’éleveur de maitriser à 100 % le risque. Au pré, la mise en place de doubles clôtures pour éviter le contact direct avec les animaux du voisinage est une nécessité.
La BVD est un parfait exemple de la nécessité de mise en œuvre des mesures de biosécurité. Avec la mise en place du plan d’assainissement, la connaissance de la dynamique de contamination de cette maladie progresse. Le facteur voisinage est prépondérant, que ce soit par le contact direct des animaux ou par le portage humain ou matériel. Si on souhaite aller vers l’éradication, il faut mettre en œuvre tous les leviers d’action : surveillance des cheptels, élimination des IPI, maitrise des contaminations. L’implication des éleveurs est forte, elle est à poursuivre et les premiers résultats sont convaincants. L’incidence de la maladie baisse déjà sur tout le territoire creusois. Nous saluons la collaboration avec le service élevage de la Chambre d’Agriculture, le partenariat avec les vétérinaires, au cœur de la collecte des prélèvements et au plus près des éleveurs dans l’assainissement des troupeaux, ainsi que l’aide financière du Conseil Départemental et technique du Laboratoire Départemental d’Analyses. Cette implication collective est la preuve de l’intérêt du plan pour l’élevage et les éleveurs, par la diminution de l’impact clinique de la BVD et la garantie « non IPI » pour les animaux commercialisés. Il ne faudrait cependant pas qu’une infime minorité vienne entraver cette action collective. Pour les éleveurs qui ne respectent pas les règles, que ce soit en ne transmettant pas les cartilages pour analyse ou en refusant d’éliminer les veaux IPI, l’appui des services de l’Etat est nécessaire. Il en est de même pour la gestion des mouvements, oubliée de l’arrêté ministériel du 31 juillet 2019. Une action régionale est en cours qui nécessitera le soutien de toutes les composantes professionnelles. L’objectif, éviter la sortie d’animaux virémiques depuis les foyers et s’assurer que tous les animaux introduits en élevage bénéficient de l’appellation « bovin non IPI ».
Nous mettons en place des actions concrètes pour la mise en œuvre de la biosécurité en élevage. Une sensibilisation est faite auprès des apprenants du Lycée agricole d’Ahun et les échanges que nous avons lors de la visite des nouveaux installés démontrent que le message a porté et a du sens dans les exploitations. Pour permettre aux éleveurs de mieux maitriser le risque lié aux visiteurs et aux effluents d’élevage, nous proposons une commande groupée de matériel de biosécurité à prix coûtant par l’intermédiaire de notre filiale Farago Creuse. Et nous mettons à disposition les grilles d’autoévaluation biosécurité ruminants conçues par GDS France pour permettre à chacun de situer le niveau de protection de son élevage.
Nous sommes également sensibles à la problématique du maillage vétérinaire. Par ses connaissances scientifiques et sa proximité avec l’éleveur, le vétérinaire libéral est un maillon indispensable de la biosécurité en élevage. Nous observons avec inquiétude les difficultés de recrutement et la nécessité de remplacer les vétérinaires faisant valoir leur droit à la retraite dans les prochaines années. Sans eux, plus de surveillance et de garanties sanitaires, un risque accru pour le bien-être animal si les animaux ne peuvent être soignés dans les délais et une inquiétude pour les éleveurs dans les territoires concernés. Le sujet est vaste, mettant en jeu mode de recrutement, attractivité du métier et du territoire, rémunération de la veille sanitaire, organisation de la permanence et de la continuité des soins… Il faudra certainement imaginer de nouveaux dispositifs de fonctionnement et réinventer le modèle économique, comme le propose la loi DDADUE du 3 décembre 2020. Nous serons partenaires de ce chantier, comme c’est déjà le cas avec l’appel à manifestation d’intérêt sur le sujet.
La FRGDS NA a été désignée OVS animal unique pour la période 2020 – 2024. Au niveau local, nous allons poursuivre cette implication multi-espèces. Pour nos sections ovines et caprines, nous proposons aux éleveurs des actions techniques, des aides financières et pouvons les accompagner dans la réalisation des grilles d’autoévaluation biosécurité adaptées à leur production. Pour les porcins, GDS Creuse est désormais membre de l’Association Sanitaire Porcine Nouvelle-Aquitaine et référent pour le Limousin. Nous allons continuer à gérer la prophylaxie porcine SDRP et Aujeszky, en concertation avec les services de la DDETSPP, et accompagner les éleveurs sur la biosécurité de leurs exploitations. Notre section équine se développe progressivement et devrait servir de modèle à la future section de la FRGDS NA.
Les GDS, c’est aussi un réseau national basé sur des structures départementales, créées par les éleveurs il y a près de 70 ans pour gérer la délégation de surveillance des maladies réglementées. Ce réseau s’est ensuite organisé en structures régionales et nationales, qui fédèrent les compétences, remontent les attentes du terrain et construisent le sanitaire collectif. Le transfert financier correspondant à cette délégation est notoirement insuffisant comme le démontre année après année le compte-rendu financier annuel. Si l’Etat ne veut pas assumer la totalité des coûts liés aux missions des GDS, il doit nous permettre d’appeler les cotisations correspondantes et sécuriser leur paiement. Il en va de l’avenir de nos structures qui ont démontré leur capacité à faire progresser l’état sanitaire global du cheptel français.
Nous sommes très attachés à notre rôle d’interlocuteur de proximité et de « guichet unique » du sanitaire. Notre boîte à outils s’étoffe et se renouvelle chaque année, pour répondre aux attentes des éleveurs et des vétérinaires. La mise en place du tiers-payant intégral ruminants permet à tous les adhérents de bénéficier de tarifs négociés sur toutes les analyses effectuées au LDA d’Ajain. Nous allons poursuivre nos actions de formation en collaboration avec les services de la Chambre d’Agriculture, d’information par notre article hebdomadaire et votre GDS Creuse Memo et nos échanges au travers de nos rencontres, si le contexte sanitaire le permet. Quelles que soient les évolutions à venir, nous resterons attachés à notre échelon départemental et aux valeurs fondatrices des GDS.
Les structures ne sont faites que de femmes et d’hommes ! 2022 est une année élective, nous comptons sur vous éleveurs pour vous impliquer comme délégué cantonal, qui nous remonte les éléments du terrain et relai de communication de nos actions. Cette représentation est indispensable, ne laissez pas d’autres décider de votre avenir !
Notice
Election des administrateurs
Comme chaque année, un tiers des administrateurs est renouvelable. Philippe Monteil et Béatrice Parbaile du canton de Gouzon, Fabrice Desrieux du canton de Dun le Palestel ont été réélus. Nicole Deluchat du canton de Grand Bourg faisant valoir ses droits à la retraite ne se représente pas. Philippe Monteil accueille chaleureusement Jean-Philippe Buffet du canton de Grand Bourg. Vos administrateurs, répartis sur le territoire creusois, sont à votre écoute, n’hésitez pas à les solliciter pour tout besoin ou suggestion.
Enfin, au nom de tous les adhérents, Philippe MONTEIL a tenu à remercier une fois de plus nos partenaires : les vétérinaires, relai indispensable de nos actions, la DDETSPP et son Service Santé Animale, le Laboratoire Départemental d’Analyses, le Conseil Départemental, le service élevage de la Chambre d’Agriculture, les OPA locales avec lesquelles nous collaborons et plus largement nos instances régionales et nationales.
Comme depuis 1953, nous allons continuer à assurer la surveillance sanitaire du cheptel creusois autour de nos valeurs de solidarité, mutualisme, indépendance et impartialité. L’objectif, des animaux en bonne santé, productifs, donnant des produits sains pour une meilleure valeur ajoutée. Que 2022 nous permette de poursuivre le travail accompli, dans le respect de nos valeurs historiques.
Important!
Maillage vétérinaire
Jean-Claude Colombo, vétérinaire représentant le Conseil Régional de l’Ordre des Vétérinaires en Creuse, a clôturé les travaux de l’assemblée générale avec une présentation sur la problématique du maillage vétérinaire. C’est désormais une inquiétude nationale pour les animaux de rente et notre département est un des principaux concernés avec une densité d’élevage élevée, une faible densité de population et une population vétérinaire parmi les plus âgées de France. Un dossier a été déposé pour la Creuse, porté par l’Ordre des vétérinaires en partenariat avec le GTV 23, le SDVEL 23, le Conseil Départemental, la Chambre d’Agriculture, les services de la DDETSPP et GDS Creuse. Notre candidature n’a pas été retenue dans un premier temps (1 département par région et c’est la Dordogne qui a été choisie) mais le travail n’a pas été fait en vain car plusieurs pistes ont été identifiées : aide au tutorat pour faire découvrir nos territoires aux étudiants vétérinaires, aides à l’installation pour les jeunes vétérinaires, diversification du recrutement, en France et à l’étranger, amélioration de l’attractivité du territoire… Ces points peuvent faire l’objet d’aides des collectivités dans le cadre de la loi DDADUE.
Contrairement à certains autres territoires, la Creuse ne présente pas véritablement à l’heure actuelle de lacune dans le maillage existant mais plutôt une situation tendue de couverture encore homogène mais extrêmement fragile. La présence vétérinaire est donc à la limite de la rupture sur une très grande partie des territoires du département, notamment au sud et à l’est.
Ce phénomène est accentué par deux facteurs principaux :
- C’est un territoire sur lequel la démographie vétérinaire est faible, à la limite de la suffisance, sur l’ensemble du département et c’est le département de Nouvelle-Aquitaine qui recueille le moins d’installations vétérinaires. (cf. carte – Source : atlas de la démographie vétérinaire CNOV)
- Le département enregistre une proportion très importante de vétérinaires de plus de 55 ans, appelés à cesser leur activité dans les 10 ans. Ce contexte est de nature à non seulement rompre la continuité du maillage, mais également servir de catalyse à une réaction de déstructuration en chaîne de l’existant, par les phénomènes de report de charge de clientèle induits et de répercussion sur les rythmes de garde. A l’inverse, toute dynamique positive de renforcement ou d’arrivée de praticiens éloignerait le spectre d’une dislocation que le constat actuel de difficultés généralisées à recruter ou pourvoir des postes rend chaque jour plus tangible. .