Le suivi sanitaire de la faune sauvage en Creuse
Résultats 2020/2021 – Perspectives 2021/2022
Le suivi sanitaire de la faune sauvage creusoise => Le groupe de travail DDETSPP23, DDT23, LDA d’Ajain, GDS Creuse et Fédération Départementale des Chasseurs de la Creuse a poursuivi sa surveillance pour la saison 2020/2021.
Grâce au réseau de chasseurs assurant la collecte de matériel biologique sur des animaux prélevés à la chasse, le suivi sanitaire de la grande faune sauvage a continué sur 2020/2021. Le groupe de travail tient à fortement remercier ce réseau de chasseurs même si le nombre de prélèvements a été impacté par le contexte covid. Un programme régional (BVD sur les cerfs), le suivi triennal (tuberculose sur les blaireaux), l’actualité sanitaire (Aujeszky sur les sangliers) et les obligations règlementaires (trichine sur sangliers) ont axé les recherches. Pour la trichine, de nouveau, les résultats sont négatifs.
Une absence de portage de virus BVD sur les cervidés
Dans le cadre de l’Observatoire Cerf Massif Central (OCMC), une recherche de la circulation virale BVD a été mise en place. Cela vient compléter le dispositif triennal de surveillance de la BVD sur les chevreuils. Pour cette campagne, 46 cerfs ont été contrôlés et tous les résultats sérologiques et virologiques se sont avérés négatifs. Cela confirme les résultats observés les années précédentes sur les chevreuils et l’absence de circulation du virus BVD dans ces espèces en Creuse, information importante dans le cadre du plan d’éradication de ce virus chez les bovins.
Un suivi tuberculose de la faune sauvage avec les réseaux SAGIR et SYLVATUB…
La situation épidémiologique de la tuberculose bovine en France montre une très faible prévalence générale mais avec une forte concentration en Nouvelle Aquitaine (90 % des cas). Des animaux sauvages infectés ont été détectés dans plusieurs zones de présence de tuberculose bovine. Pour identifier le plus précocement possible une infection de la faune sauvage par la tuberculose bovine, un réseau de surveillance (Sylvatub) a été mis en place. Le niveau départemental est fonction du risque vis à vis de cette maladie. Le niveau 3 est appliqué dans les départements où elle présente une prévalence relativement élevée et où il est nécessaire de caractériser davantage la circulation de la maladie dans la faune sauvage. Le niveau 2 est appliqué selon les éléments suivants : mise en évidence récente de cas de tuberculose bovine dans la faune sauvage, détection de foyers bovins de façon régulière ou avec une augmentation d’incidence ou proximité de zones classées en niveau 3. Le niveau 1 est attribué aux autres départements dont la Creuse.
… des actions complémentaires en Creuse
En raison de cette alerte tuberculose dans certains départements, dans le cadre du suivi triennal, des examens ont été effectués sur des blaireaux en 2020/2021. 60 individus ont été contrôlés, tous les résultats se sont avérés négatifs. Pour 2021/2022, ce sont les cerfs et les chevreuils qui vont être concernés avec un objectif d’examen du tractus respiratoire de 50 cerfs et 100 chevreuils. Toute lésion suspecte fera l’objet d’une analyse approfondie avec transmission des éléments au laboratoire national de référence.
Une surveillance Aujeszky après des alertes sur les sangliers
En raison de cas de maladie d’Aujeszky dans des élevages de sangliers de l’Allier en 2020 et 2021 et la contamination de plusieurs chiens de chasse en Aquitaine, un suivi a été effectué sur cette espèce. Une attention particulière a été portée aux zones voisines d’élevages de suidés en plein air et à la limite Est du département. 110 prélèvements ont été effectués et aucun résultat positif n’est ressorti.
Pour les sangliers, le contrôle trichine, le suivi triennal de la brucellose porcine et le maintien de la surveillance Aujeszky pour 2021/2022
La recherche de la trichine va être poursuivie du fait des obligations réglementaires relatives à leur consommation. Rappelons qu’à ce jour, la seule menace identifiée, en Creuse, en matière de contamination des animaux de rente par la faune sauvage est celle des sangliers avec la brucellose porcine dans les élevages de truies en plein-air, d’où la mise en place de mesures spécifiques de protection. Dans le cadre du suivi triennal, la brucellose porcine va faire l’objet d’un contrôle sur les sangliers pour cette campagne 2021/2022 avec un objectif de prélèvements de cinquante individus. Compte-tenu de l’alerte persistante sur la maladie d’Aujeszky, la surveillance va se poursuivre avec là aussi 50 animaux analysés.
La sérothèque départementale, un outil pour la recherche
Depuis des années, les prélèvements sanguins acheminés au laboratoire d’Ajain sont stockés afin de permettre une reprise ultérieure si des recherches sur une pathologie venaient à être décidées. Cette collection s’est enrichie cette année de 54 sérums de chevreuil, 48 de cerf, 51 de sanglier, pour un total de 1.183 échantillons conservés
Le suivi sanitaire de la faune sauvage, un outil utile pour tous
La surveillance sanitaire de la faune sauvage, en place en Creuse depuis 1996, permet le recueil de données au regard du statut du gibier en matière de zoonoses et de maladies communes aux espèces sauvages et domestiques. Il représente un outil d’alerte éventuelle pour les gestionnaires de la faune sauvage et de la santé humaine et animale, d’où sa poursuite avec son adaptation en fonction des besoins. N’hésitez pas à nous contacter pour tout commentaire, suggestion ou demande.
BOUBET (GDS) – S. QUINIO (FDC) – JEANDAUX (DDETSPP) – E. TISSIER (DDT) – E. GUILLEMOT (LDA)
Important!
Echinococcose alvéolaire
La maladie est due à la forme larvaire d’un parasite intestinal des carnivores, de la famille des ténias, appelé Echinococcus multilocularis (à ne pas confondre avec l’échinococcose hydatique, provoquée par Echinococcus granulosus). Les renards principalement mais également les chiens et occasionnellement les chats se parasitent en consommant des campagnols (hôtes intermédiaires) et autres micromammifères qui hébergent les échinocoques adultes. Les carnivores excrètent ensuite des « œufs » très résistants dans le milieu extérieur qui peuvent souiller avec leurs déjections les fruits, les végétaux ou leur pelage.
L’homme peut alors devenir un hôte accidentel, les personnes les plus touchées étant les agriculteurs, les chasseurs et les travailleurs forestiers. La proximité avec les renards et le contact direct avec les chiens ainsi que la consommation de produits souillés deviennent alors source de contamination. La larve s’enkyste, le plus souvent dans le foie et les symptômes n’apparaissent qu’après plusieurs années. Le tableau clinique est comparable à un cancer du foie et on déplore une cinquantaine de morts par an en France.
En France, les données manquent et un programme de dépistage des renards est actuellement en cours. Un échantillon de 100 prélèvements uniformément répartis sur le département de la Creuse a été programmé. Avec une prévalence de 42 % sur 33 renards, les premiers résultats sont étonnants et inquiétants, un point complet sera fait à la fin de l’étude.
Rappelons que des gestes simples suffisent pour prévenir l’échinococcose :
- Porter des gants à usage unique et un masque pour manipuler les renards et autres animaux infectés, vivants ou morts, ainsi que leurs excréments,
- Eviter de consommer des légumes crus provenant de jardins accessibles à des renards ou des fruits sauvages crus provenant d’un endroit potentiellement souillé par des renards infectés. Le lavage ne suffit pas, il faut absolument les cuire avant de les manger (conditions de cuisson : 10′ à 60°C, 5′ à 70°C ou 1′ à 100°C, la congélation domestique (-18°C) est sans effet),
- Se laver les mains à l’eau chaude et au savon après tout travail impliquant un contact avec de la terre potentiellement contaminée (travaux agricoles, de jardinage, …) ou après avoir brossé ou caressé un chien ou un chat ayant séjourné dans une région à risque,
- Vermifuger toutes les 4 semaines avec un médicament actif sur ce parasite, tel que le praziquantel, les chiens et les chats pouvant manger régulièrement des rongeurs.