Produire de la viande.
Pourquoi ? Pour qui ?
La viande et les consommateurs => Chaque début d’année, nous vous proposons un article qui dépasse notre strict cadre sanitaire. Dans le contexte actuel de remise en cause de l’élevage, notre choix s’est porté sur la production de viande et ses enjeux.
L’élevage dans son ensemble est aujourd’hui très abusivement accusé de tous les maux : bien-être animal bafoué, empreinte écologique négative, consommation de produits carnés néfaste pour la santé. Les médias et surtout les réseaux sociaux servent de caisse de résonnance à des publications sensationnalistes ou à des mouvements marginaux, mettant en avant des arguments parfois fallacieux. Cet article fait un point sur la situation.
L’homme et l’animal, une histoire en mutation
L’évolution démographique de ces cent dernières années s’est accompagnée d’une urbanisation accélérée, renforcée par la politique de métropolisation récente. Le rapport à l’animal de compagnie modifie le prisme de vision des consommateurs urbains. L’homme s’est éloigné progressivement de son contact quotidien avec les animaux d’élevage et a une perception déformée, voire idéalisée, des rapports humain-animal. C’est oublier d’où nous venons et l’importance historique des interactions avec le monde animal.
Depuis 10.000 ans, l’homme est un éleveur
Les chasseurs-cueilleurs ont sécurisé leur ressource alimentaire en développant un mode de vie nomade, suivant les migrations des troupeaux sauvages. Rapidement, l’homme s’est sédentarisé, développant l’agriculture et la domestication des premiers ruminants. Cela fait 10.000 ans que l’homme vit au contact de ces animaux. Partout sur la planète, des peuples ont développé l’élevage, prenant soin de leur bétail, sélectionnant les individus et utilisant les ressources qu’ils offraient. Les interactions avec les animaux d’élevage sont ancrées au plus profond de nous et occupent une place centrale dans les sociétés humaines.
Un impact environnemental à nuancer
Comme toute activité humaine, l’élevage a un impact environnemental. Le développement du transport aérien, d’impact majeur, ne fait pas l’objet de la même controverse. L’élevage des ruminants joue un rôle important dans l’aménagement du territoire, les zones allaitantes notamment ne pouvant être exploitées pour d’autres productions. Les ruminants sont les seuls à pouvoir valoriser l’herbe, par leur existence, ils servent à stocker le CO2 fixé par les prairies. On peut lire qu’il faut 3 à 4 kg de protéines végétales pour produire un kilo de protéine animale, pour l’herbe, c’est de la ressource qui aurait de toute façon été inexploitée. Au final, le bovin est un producteur net de protéines car on chiffre à moins de 10 % la part de protéines ingérées qu’un humain aurait pu consommer.
L’homme, un mammifère omnivore
L’homme moderne, comme tous les hominidés, est un omnivore. Son système digestif est adapté à la consommation de fruits, légumes, céréales et protéines animales. Nos ancêtres se nourrissaient de ce qu’ils trouvaient dans leur environnement immédiat. D’après des études scientifiques, le développement du cerveau qui fait la spécificité de l’espèce humaine serait en relation avec l’accroissement de sa consommation de viande. La maitrise du feu, outre son aspect sécuritaire, a ensuite permis la cuisson de la viande, la rendant plus sûre et plus digeste.
Une consommation de viande à réfléchir
La consommation de viande assure à l’organisme des apports essentiels en protéines, fer, sélénium, vitamines B3, B6, B12… Ces produits, à l’exception de la vitamine B12, peuvent se retrouver dans d’autres aliments, mais en quantités moindres et la digestibilité des protéines animales est plus performante que celle des protéines végétales. Cette consommation a augmenté de manière spectaculaire au vingtième siècle, atteignant parfois des excès. Cela ne doit pas remettre en cause le principe même d’en manger ! Les productions de nos régions répondent aux aspirations sociétales actuelles : animaux élevés principalement en plein-air, nourris à l’herbe, avec un suivi sanitaire important. Il est temps de repenser sa consommation, avec de la viande de qualité, assurant un revenu aux exploitants, et surtout, mot souvent absent des discussions, pour le plaisir gustatif.
Des consommateurs très variés
Une étude nationale (cf. illustration) a analysé les comportements des français vis-à-vis de leur consommation de viande. Si leur impact médiatique est important, les végétariens représentent moins de 4 % des consommateurs, au sein desquels les végans sont encore moins nombreux. Cela signifie que plus de 96 % des français mangent de la viande ! Dans cette large majorité, on note une augmentation des « flexitariens », personnes ayant décidé de diminuer leur consommation globale pour privilégier la qualité. Cela pourrait inverser la tendance actuelle qui voit une baisse globale de la consommation de viande rouge, elle-même soutenue par le steak haché qui ne permet pas une bonne valorisation de nos animaux. La tendance au « moins mais mieux » est une réelle opportunité. A 86 %, les consommateurs jugent que les éleveurs produisent de la viande de qualité. La filière bovin allaitant gagnerait à communiquer pour se démarquer comme un produit de haute qualité, comme la production viticole a réussi à le faire.
Un bassin de production unique
Le Massif Central, et la zone allaitante plus largement, est un lieu de production unique en Europe et rare dans le monde. On y retrouve des terrains adaptés à cette production, des éleveurs ayant un savoir-faire reconnu et des races sélectionnées depuis des générations. Ce n’est pas un hasard si des marchés historiques comme l’Italie ou l’Espagne continuent à être nos premiers clients. Notre système de production pourrait être économiquement plus performant si on arrivait à fixer la plus-value sur nos territoires, en favorisant la commercialisation d’animaux finis ou directement de viande, des initiatives vont dans ce sens sur notre département.
Une nécessaire ouverture à d’autres marchés…
Le marché de la viande est désormais mondialisé avec une augmentation de la demande en relation avec l’accroissement du pouvoir d’achat des populations des pays émergents. La consommation globale de viande progresse de 2,3 % par an au niveau mondial. En Chine, elle a été multipliée par 7 en 40 ans. Notre filière « ruminant » a également un potentiel de développement dans les pays musulmans qui ne consommeront pas de porc, qu’ils soient proches comme le Maghreb ou la Turquie, ou plus lointains comme les pays du Golfe ou l’Indonésie. Il y a là un vrai gisement commercial qui assurera de nouveaux débouchés et une concurrence permettant de tirer les prix vers le haut.
… avec des exigences sanitaires
L’exportation d’animaux vivants ou de viande impose de se plier aux exigences sanitaires des acheteurs. On l’a vu historiquement avec l’IBR, plus récemment avec la FCO, dont la circulation 2018 a causé l’annulation de certains marchés et les demandes en matière de BVD vont augmenter. Nos opérateurs commerciaux sont régulièrement confrontés à des refus de paiement d’animaux IPI morts dans les ateliers d’engraissement. C’est pourquoi le futur arrêté ministériel visant à l’éradication de la BVD pourrait s’avérer déterminant afin de faciliter les échanges.
Une situation difficile mais un réel espoir
La situation de l’élevage est actuellement difficile, entre attaque sociétale, baisse de la consommation de viande ou crises sanitaires. Mais comme nous l’avons vu, de nombreux éléments laissent espérer un avenir favorable. Dans tous les cas, sachez que GDS Creuse se tient à vos côtés pour vous aider à protéger et assainir vos troupeaux. Pour plus de renseignements, n’hésitez pas à nous contacter ou les services vétérinaires de la DDCSPP en charge des exportations.