Assemblée générale de GDS Creuse
Un bilan de l’année écoulée et un focus sur nos orientations
AG 2025 de GDS Creuse : Le Groupement de Défense Sanitaire de la Creuse a tenu le 10 avril 2025, dans la salle des fêtes d’Ajain, son assemblée générale (AG) sous la présidence de Philippe MONTEIL.
Après la présentation des rapports financier et d’activité, le Président Philippe MONTEIL a présenté les orientations de GDS Creuse pour 2025, qui se déclinent à travers nos missions historiques.
De gauche à droite – Jean-Marie COLON (Vice-président de la Chambre d’agriculture en charge de l’élevage) – Franck FOULON (Vice-président du Conseil départemental) – Christophe MOULIN (Président de GDS France) – Philippe MONTEIL (Président de GDS Creuse) – Jean-Yves POIRRIER (Chef de service Santé animale de la DDETSPP) – Dr Nicolas ATHANASSIADIS (Président du GTV 23)
La maitrise des maladies contagieuses
- FCO 3 – 8 et MHE 8. Il y a fort à craindre que nous soyons de nouveau confrontés à ces virus sur notre département. L’année 2024 nous a permis de mesurer l’impact clinique et sur la reproduction de la FCO 8, qui pourrait être amplifié avec les nouveaux virus (FCO 3, MHE 8) pour lesquels notre cheptel est complètement naïf. Rappelons que des animaux en bonne santé, déparasités, bien nourris et avec un accès à l’eau facilité semblent plus résistants. Plus que jamais, un bon état sanitaire global du troupeau reste la priorité de l’éleveur. Et l’expérience acquise nous a également permis de constater l’excellente efficacité des vaccins disponibles, même s’ils ont été trop peu utilisés en vaccination de cheptel. Il est encore temps de vacciner nos bovins et nos ovins, c’est la seule mesure à même de limiter l’impact sur la reproduction et sur les malformations néonatales !
- La tuberculose, dont nous sommes fort heureusement toujours indemnes sur le département, est une menace sérieuse en Nouvelle-Aquitaine. 13 cheptels creusois sont en dépistage du fait de leur lien avec un foyer. Nous comptons sur le professionnalisme de tous pour bien s’assurer que la maladie ne progresse pas. Et plus globalement, nous appelons les éleveurs du département à la plus grande vigilance dans la gestion de leurs mouvements.
- L’éradication de l’IBR en France est devenue un objectif majeur à l’horizon 2027 avec l’application de la Loi de Santé Animale européenne. Notre département est parfaitement placé pour y parvenir grâce au travail réalisé, il ne nous reste plus qu’un cheptel détenant des animaux positifs comme nous venons de le voir. Mais notre situation favorable ne doit pas nous faire oublier que la maladie circule encore dans certains départements, et plus que jamais restons vigilants lors de mouvements d’animaux, une contamination est vite arrivée !
- La BVD est un autre chantier d’ampleur, les résultats sont encourageants et l’assainissement progresse. On constate malheureusement que quelques éleveurs pénalisent le collectif, que ce soit en retardant le bouclage de leurs veaux ou en ne mettant pas en place les mesures nécessaires dans leur exploitation. Les services de l’État nous aident efficacement, qu’ils en soient remerciés, mais il nous faut maintenant des évolutions réglementaires pour parvenir à l’objectif final, l’éradication en France en 2030. Et comme pour l’IBR, la plus grande prudence s’impose lors des mouvements, notamment de jeunes veaux.
- Le dépistage de la paratuberculose gagnerait à être étendu car c’est une pathologie ayant un impact important dans beaucoup d’élevages. Nous sommes dans l’attente des analyses de mélange, qui permettraient à plus d’éleveurs de faire un état des lieux à moindre coût.
- La besnoitiose est une menace pour nos cheptels, qui commence à s’implanter en Creuse. Faute de réglementation nationale et de moyens financiers disponibles, nous focalisons notre action sur la gestion des introductions car c’est une maladie qui s’achète !
Pour limiter les risques de contamination des élevages, l’année 2025 va voir se déployer deux mesures principales :
- L’obligation de dépistage à l’introduction pour tous les cheptels bovins à taux de rotation élevé,
- La mise à disposition du « contrat mouvements », qui reprend tous les éléments nécessaires sur un seul document.
Au sein de l’ASPNA, nous suivons le sanitaire porcin de l’ex-Limousin. Notre département est indemne de SDRP et doit le rester, mais notre suivi de la faune sauvage nous indique que la brucellose porcine est endémique sur le département, la maladie d’Aujeszky est présente dans d’autres départements de Nouvelle-Aquitaine et la fièvre porcine africaine est aux portes de la France.
Les menaces sont nombreuses comme nous venons de le voir et la liste n’est pas exhaustive. La maitrise de ces maladies passe par l’accompagnement de nos adhérents au quotidien dans la mise en œuvre des mesures de biosécurité et de bien-être sur leurs exploitations.
Nous aidons ceux confrontés à des problèmes sanitaires à diagnostiquer les pathogènes, identifier les pistes d’amélioration par la réalisation d’audits et mettre en place les mesures correctives. Cet axe est déterminant pour leur permettre de retrouver une situation sanitaire satisfaisante, nécessaire à la rentabilité économique de leur exploitation.
Les garanties sanitaires des cheptels
La FRGDS Nouvelle-Aquitaine a été renouvelée en tant qu’Organisme à Vocation Sanitaire animal unique pour la période 2025 – 2029 et nous restons délégataires de nombreuses missions. Cela permet de maintenir des garanties qui sécurisent les échanges, que ce soit au niveau national ou international. Dans un monde toujours plus exigeant, ces garanties restent une porte d’entrée indispensable aux marchés.
Dans le même temps, l’État organise les assises du sanitaire animal visant une réforme du système français. Les tractations et pressions sont nombreuses auprès des ministères, certains souhaitant s’approprier la gestion du sanitaire pour mieux la contrôler ! Regarder le sanitaire sous le seul angle de contraintes économiques pour une filière ou de coûts pour l’État nous conduirait tout droit à la catastrophe. Rappelons que les succès historiques enregistrés sont liés à nos valeurs fondatrices, sens du collectif, indépendance et impartialité, qu’il convient de préserver.
Délégués cantonaux et représentants de différentes structures avaient répondu nombreux à notre invitation à participer à notre AG.
Le mutualisme
Valeur historique des GDS, elle se traduit quotidiennement par l’aide apportée dans le cadre des caisses de solidarité : FMGDS, fonds de solidarité FRGDS NA et GDS Creuse, fonds d’action sanitaire, fonds porcins ASPNA et GDS Creuse.
La solidarité collective s’applique aux éleveurs concernés par la prophylaxie tuberculose. Dans le cadre de notre fonds de solidarité bovin, nous prenons en charge le reste à charge éleveur pour nos adhérents, s’ils sont à jour de leurs cotisations et si la prophylaxie a été effectuée de manière conforme.
En Creuse, nous avons mis en place le tiers-payant intégral ruminants qui permet à nos 99,5 % d’éleveurs adhérents de bénéficier de tarifs négociés, avec une mutualisation de certaines analyses. Et afin de sécuriser la commercialisation de produits en circuit court et dans l’optique «de la fourche à la fourchette », nous prenons en charge 50 % des autocontrôles fermiers et nous sommes en réflexion sur la mise en place d’un accompagnement des producteurs fermiers.
L’intégration de notre laboratoire départemental au GIP TERANA en 2023 a été compliquée et le Conseil départemental a fait le choix de reprendre son indépendance. Nous avons confiance dans l’équipe en place pour nous permettre de garder un laboratoire de proximité, performant et avec un plateau technique élargi. Nos relations communes doivent rester harmonieuses et constructives, pour le bénéfice de nos adhérents. Nous avons conscience des choix financiers que doivent faire les élus de notre département dans un contexte économique compliqué mais il convient de rappeler l’importance globale de l’élevage sur notre territoire et l’enveloppe consacrée à l’aide aux analyses reste modérée rapportée au budget global. Nous espérons donc conserver intact notre partenariat historique, pour le bénéfice de l’élevage creusois et de notre laboratoire départemental.
Formations et information
C’est une action forte de GDS Creuse. Nos supports de communication sont reconnus de tous : GDS Creuse Mémo, article hebdomadaire repris par la Creuse Agricole et le site Plein Champ, information spécifique des vétérinaires, site internet de GDS Creuse qui va évoluer dans les semaines qui viennent… Notre 14e journée portes ouvertes nous a permis d’accueillir et d’échanger avec près de 400 personnes, vivement notre 15e édition !
Localement, nous accompagnons les futurs éleveurs lors de leur scolarité avec des formations régulières au lycée agricole d’Ahun, puis lors de leur parcours installation et enfin nous allons visiter tous les nouveaux installés en leur proposant des aides financières sur les premières introductions ou la réalisation du Bilan Sanitaire d’Elevage. La démographie agricole étant déficitaire, il est indispensable d’aider tous les candidats à la reprise d’exploitations.
Nous allons continuer à animer des formations biosécurité bovine. Venus trop souvent par contrainte administratives, les éleveurs en repartent unanimement satisfaits, preuve que la connaissance technique est le socle d’un élevage performant.
Le National Limousin organisé à La Souterraine a été une grande réussite collective, cette année, nous porterons les couleurs des GDS lors de manifestations comme Terre en fête, Tech-Ovin ou le Sommet de l’élevage.
Enfin, nous allons poursuivre notre participation à différents groupes de travail régionaux ou nationaux pour mettre en avant l’action des GDS, toutes espèces confondues.
Farago Creuse, notre filiale services
Farago Creuse, filiale de services de GDS Creuse depuis 30 ans, poursuit son développement. Les prestations n’ont cessé de s’étoffer au fil des ans : parage, écornage, dératisation, désinsectisation, lutte contre les taupes… Avec l’évolution des demandes vers la biosécurité et le bien-être animal, nous continuons à développer l’offre de matériels de contention et de clôtures et nos 10 techniciens sont formés pour qu’ils puissent relayer les messages de GDS Creuse.
Conclusion
Le contexte économique incertain, la pression sociétale sur le monde agricole et la baisse du nombre d’exploitations ont poussé dans la rue les éleveurs de Creuse et d’ailleurs. Si les causes de mécontentement sont multiples, plus que jamais les exploitations ont besoin de rentabilité et cela passe par une bonne maitrise sanitaire. Il va également falloir s’adapter au changement climatique, avec son rôle dans la diffusion des maladies vectorielles mais surtout sur les récoltes et l’autonomie en eau avec un impact direct sur les animaux.
Comme au premier jour, nous, délégués cantonaux, administrateurs et salariés de GDS Creuse et de notre filiale Farago Creuse restons motivés pour accompagner les éleveurs. J’en profite d’ailleurs pour remercier les élus pour leur investissement. 2025 va être une année élective, je compte sur la mobilisation de tous pour sensibiliser les éleveurs à la nécessité du sanitaire et au rôle du délégué cantonal. Nous constatons malheureusement un recul de l’engagement dans les Organisations Professionnelles Agricoles qui met en péril le modèle de fonctionnement de nos structures. Depuis 70 ans, ce sont des éleveurs qui président aux destinées des orientations sanitaires, gardons le pouvoir ! Et je souhaite saluer le professionnalisme et l’engagement personnel de chaque salarié. Premiers contacts de nos adhérents et parfois en première ligne des expressions de colère et de mécontentement, ils ont à cœur de renseigner, expliquer et soutenir les éleveurs. Qu’ils en soient remerciés et nous les assurons du soutien de tous les élus de GDS Creuse.
Au nom de tous les éleveurs, je tiens à remercier une fois de plus nos partenaires : en tout premier lieu les vétérinaires, relais indispensables de nos actions et dont nous partageons plus que jamais les craintes pour le maintien d’un maillage efficace, le Conseil départemental, fidèle soutien moral et financier du monde de l’élevage, la DDETSPP et son service Santé Animale, le laboratoire Terana Creuse, le service élevage de la Chambre d’Agriculture, les OPA locales avec lesquelles nous collaborons depuis plus de 70 ans et plus largement nos instances régionale (FRGDS Nouvelle-Aquitaine) et nationale (GDS France).
Comme depuis 1953, nous allons continuer à travailler pour assurer la surveillance sanitaire du cheptel creusois et améliorer les performances économiques des élevages, autour de nos valeurs de solidarité, mutualisme, indépendance et impartialité. L’objectif, des animaux en bonne santé, productifs, donnant des denrées saines pour une meilleure valeur ajoutée.
A titre personnel, l’âge de la retraite a sonné et ce n’est pas sans une certaine émotion que je vais mettre fin à un engagement de plus de 30 ans au service du sanitaire creusois et national. J’ai totale confiance dans mes successeurs, nul doute que 2025 permette de poursuivre le travail accompli, dans le respect de nos valeurs historiques. »
Important!
Du changement à GDS Creuse
Le 15 avril 2025, le CA de GDS Creuse a élu son nouveau Président, Pascal JOSSE, qui a ensuite constitué son équipe.
Philippe MONTEIL
GDS Creuse