Fertilité des béliers et des taureaux
Tester en cas de doute

Stérilité des mâles : Dans un contexte de circulation de virus FCO et/ou MHE, il faut rester vigilant sur la fertilité des mâles. Cela passe par un examen visuel qui peut être complété par un prélèvement de sperme pour examen microscopique.

L’infécondité en élevage constitue une source de pertes économiques conséquente. Trois causes principales risquent d’entraîner une mauvaise fécondité du troupeau : l’infertilité des femelles, des vaches fertiles mais avec un problème de conduite de troupeau (retard à la mise à la reproduction, mauvaise observation des chaleurs dans le cas d’insémination artificielle…) et l’infertilité des mâles, trop souvent sous-évaluée. Un mâle fécondant de nombreuses femelles, une déficience dans sa capacité reproductrice aura une plus grande incidence sur la productivité du troupeau qu’un problème de fertilité des femelles.

Une puberté variable suivant les individus

La puberté dépend de l’âge, du poids corporel et de la race. En revanche, la circonférence scrotale à la puberté demeure constante, autour de 30 cm sur les taureaux et de 25 cm sur les béliers. Les mâles commencent à manifester un intérêt sexuel environ trois semaines avant la puberté et ils sont aptes à s’accoupler environ six semaines après. Même s’ils peuvent saillir des femelles, leur capacité de reproduction s’améliore avec la maturité et cela se traduit par une augmentation de la circonférence scrotale. Un nombre de femelles supérieur à 25/30 par taureau, surtout s’il est jeune, est un facteur d’infécondité par absence de saillie ou par diminution de la qualité du sperme.

La spermatogénèse, un processus complexe…

Les spermatozoïdes sont continuellement produits par les testicules et entreposés dans l’épididyme. Il faut environ 8 semaines pour qu’ils parviennent à maturité. La température corporelle étant trop élevée pour leur production, les testicules sont situés à l’extérieur de la cavité abdominale (3° à 5°C en moins). Selon les variations de la température ambiante, les testicules sont remontés ou abaissés dans le scrotum afin de conserver une température adéquate. La prostate, les vésicules séminales et les glandes bulbo-urétrales (glandes de Cowper) sécrètent la partie liquide du sperme. Pendant l’accouplement, le pénis sort de l’étui pénien à la suite de l’effacement du S pénien ; les spermatozoïdes sont transportés des testicules jusqu’à l’urètre par le canal déférent et sont expulsés par le pénis.

(Source OMAFRA) Les spermatozoïdes sont fabriqués dans les testicules, à l’issue d’un long processus (8 semaines environ) et stockés dans l’épididyme. La prostate, les vésicules séminales et les glandes bulbo-urétrales (glandes de Cowper) sécrètent la partie liquide du sperme.

… sensible à certaines maladies

Chez le taureau, des agents infectieux spécifiques (vibriose, IBR, trichomonose) peuvent provoquer de l’infertilité mais ils sont rares dans la pratique quotidienne. Chez le bélier, les principales maladies abortives (Brucella ovis, Brucella melitensis, Salmonella abortus ovis, Chlamydia abortus, Coxiella burnetii) peuvent entrainer des lésions testiculaires. Mais toute pathologie qui se traduit par une hyperthermie importante entraine un risque de stérilité. Des études en cours confirment malheureusement le rôle très néfaste des virus de FCO et de MHE sur les mâles. Du fait de la durée de la spermatogénèse, l’impact pourra être différé de quelques semaines. On observe des lésions de calcification testiculaires, conduisant à une stérilité partielle ou totale.

L’état général, facteur déterminant pour la fertilité des mâles…

La Note d’État Corporel (NEC) idéale est autour de 3 (graduation de 0 à 5). Une alimentation équilibrée en énergie, protéines, oligoéléments et vitamines est nécessaire pour la production de spermatozoïdes et pour l’activité physique associée à la reproduction. Pendant la saison de monte, les animaux ont tendance à manger moins, ils utilisent alors leur gras corporel comme source d’énergie. Cela nécessite une préparation, avec éventuellement flushing, si l’on veut que le reproducteur ait des réserves suffisantes. En revanche, un engraissement excessif est associé à une faible capacité à saillir. Les animaux ayant gardé une activité physique régulière sont plus fonctionnels, à l’inverse, des blessures douloureuses (lombalgies, lésions articulaires, boiteries) entrainent une incapacité à effectuer le saut. Un parage systématique un mois avant la mise à la reproduction est conseillé.

… et la libido

De nombreux facteurs peuvent expliquer un manque de libido : puberté tardive, compétition entre mâles, animaux en mauvais état général, environnement climatique (pluviométrie importante, températures très froides ou canicule). Son évaluation fait partie des critères à observer (cf. illustration).

En cas de doute, un examen clinique…

En cas de retour en chaleur de plusieurs femelles dans un lot donné, l’éleveur sollicitera un examen du mâle, notamment l’examen visuel et la palpation du scrotum. Les lésions peuvent concerner le pénis (déviation, rupture des corps caverneux, présence de tumeur vénérienne, …) ou le fourreau. On examine ensuite la peau du scrotum, pour identifier d’éventuelles lésions ; des croûtes ou des abcès sont annonciateurs de problèmes éventuels. Enfin, on palpe et manipule les testicules, en vérifiant qu’ils sont présents tous les deux, avec une attention particulière pour la zone de l’épididyme. De petits testicules indiquent un développement insuffisant du tissu sécréteur de spermatozoïdes. Si leur mobilité est altérée à cause de dépôts de gras, de tissu cicatriciel ou d’un petit scrotum, la thermorégulation sera affectée, ce qui peut nuire à la qualité du sperme. On recherche d’éventuelles séquelles d’orchite (inflammation des testicules), de calcification ou des tumeurs. Des testicules mous annoncent une dégénérescence des tissus et une mauvaise qualité de sperme.

… éventuellement complété par un testage de la fertilité

Toute anomalie testiculaire doit amener à se poser la question de la fertilité du mâle et éventuellement envisager son testage. Cet examen se fait suite à prélèvement de sperme, deux techniques peuvent être employées :

• Éjaculation sur vache en chaleur. Cette méthode demande la préparation de plusieurs femelles pour s’assurer d’en avoir au moins une en chaleur le jour du testage. Plusieurs techniques médicales sont possibles pour les synchroniser.
• Application d’un électro-éjaculateur. Cela nécessite un matériel spécifique mais peut être réalisé plus facilement.

L’observation du taureau concerne l’état général (note d’état corporel, appareil locomoteur), le comportement sexuel (évaluation libido) et l’examen de l’appareil génital. La mesure de la circonférence scrotale chez les jeunes taureaux est une méthode précise et facile à répéter qui sert à évaluer la capacité actuelle et future du taureau à produire des spermatozoïdes. Un lien direct peut en effet être établi entre la circonférence scrotale et le volume et la qualité du sperme.

Si le mâle n’a pas eu d’activité depuis longtemps, il est conseillé de le faire saillir une fois avant le prélèvement. Une fois le recueil effectué, le sperme est examiné au microscope. On identifie la concentration de spermatozoïdes, leur motilité, leur viabilité, les anomalies observées (forme, flagelle). Cela permet d’avoir une idée assez précise de la fertilité de l’animal à ce moment, même si certaines stérilités sont réversibles. Plusieurs structures proposent ce service, que ce soit pour les taureaux ou les béliers, nous tenons à disposition des éleveurs une liste. Les tarifs varient en fonction de l’espèce, du nombre d’animaux prélevés et de la distance parcourue. Dans un contexte de circulation de virus FCO et MHE, le conseil d’administration de GDS Creuse a voté la prise en charge à hauteur de 100 € pour le premier et 50 € pour les 2 suivants pour les taureaux et 25 € pour le premier et 20 € pour les 4 suivants pour les béliers, pour l’année 2025 et sur présentation de facture acquittée. Pour plus de renseignements, n’hésitez pas à échanger avec votre vétérinaire ou prendre contact avec nos services. Et toute l’équipe de GDS Creuse vous souhaite une bonne année 2025.

Dr Boris BOUBET
GDS Creuse

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