Fièvre Catarrhale Ovine – Maladie Hémorragique Épizootique
Retour d’expérience du réseau GDS et point de situation
FCO – MHE : L’émergence du nouveau variant de FCO type 8 dans le sud du Massif central et l’arrivée de la MHE dans le sud-ouest ont entrainé de nombreux impacts cliniques. Dans le prolongement de l’article du 25 octobre 2023, nous allons faire le point sur les connaissances actualisées sur ces deux pathologies.
Les GDS de l’Aveyron, des Pyrénées-Atlantiques et des Hautes-Pyrénées ont mené des enquêtes pour évaluer les conséquences de ces pathologies à ce jour. Dans le même temps, le centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD) a présenté les éléments de prévention vis-à-vis des culicoïdes, vecteurs de ces maladies.
Quel est l’impact sanitaire de la nouvelle souche de FCO type 8 dans l’Aveyron ?
Les premiers signes cliniques ont été observés début août avec une virulence qui a surpris les observateurs, notamment sur les bovins. Les résultats de l’enquête effectuée dans les foyers indiquent :
- Une morbidité (proportion d’animaux malades) variable entre les cheptels, allant de 1 % à 73 % parmi les bovins adultes et de 0,3 % à 47 % pour les ovins adultes. La morbidité moyenne est de 10 % pour les bovins adultes et de 6 % pour les ovins adultes, et il a été observé très peu de cas cliniques sur les jeunes animaux.
- Une mortalité variant de 0 à 5 % parmi les bovins adultes et de 0 à 30 % pour les ovins adultes.
L’enquête ayant été menée en période d’activité vectorielle, ces chiffres sont certainement sous-évalués, d’autres animaux ayant été contaminés plus tard et la notion d’animal malade est également variable suivant les éleveurs. L’impact sur la reproduction n’a pas pu encore être évalué mais il sera certainement majeur.
A l’analyse de ces chiffres, on constate que les bovins sont beaucoup plus impactés qu’avec la souche historique. Plusieurs éléments peuvent expliquer la variabilité inter-cheptels : statut sanitaire global du troupeau, prise en charge précoce des animaux malades, accès facile à un point d’abreuvement… Les élevages laitiers ont globalement été moins impactés car les animaux rentrent plus en bâtiment, notamment à l’aube et au crépuscule quand les culicoïdes sont actifs, et ont donc été moins exposés à la pression vectorielle. Très peu d’animaux étaient vaccinés pour la FCO type 8 à l’exception de quelques jeunes a priori destinés à l’export.
Quel est l’impact sanitaire de la MHE dans les départements 64 et 65 ?
Les premiers cas cliniques ont été observés début septembre et la maladie a rapidement affecté un nombre très important d’élevages. Comme pour la FCO, peu d’animaux de moins de 24 mois ont été observés malades et le virus de la MHE semble peu pathogène sur les ovins. Les données concernent donc exclusivement les bovins de plus de 24 mois :
- La morbidité varie suivant les cheptels de 1,82 % à 100 %, avec une médiane à 13 % et un tiers des élevages ont eu plus de 20 % des animaux malades.
- La mortalité varie de 0 à 10 %, globalement faible mais avec quelques élevages durement impactés.
80 % des élevages ont déclaré avoir observé des symptômes mais il est probable que quasiment tous les élevages ont été touchés. Concernant la fonction de reproduction, les premiers éléments indiquent qu’environ 30 % des vaches sont non gestantes.
Les retours terrain reprennent les observations faites sur la FCO. Pour limiter l’impact clinique, il faut maintenir un statut sanitaire favorable (alimentation, minéralisation), identifier le plus précocement possible les malades pour mettre en place un traitement et s’assurer qu’ils puissent boire facilement (baquet d’eau par exemple) ou à défaut les réhydrater (drenchage, perfusion).
Quelle est la situation pour ces deux maladies en France ?
Comme pour toutes les maladies vectorielles, la météo est un facteur déterminant. Avec l’arrivée de l’hiver et du froid, la carte est globalement figée (cf. illustration). Au 25 janvier 2024, 3.796 foyers ont été recensés en France. Pour la Creuse, nous n’avons pas observé de cas clinique de MHE et peu de foyers de FCO. Mais tout laisse à penser que la circulation de ces deux maladies va reprendre dès que la quantité de culicoïdes et le recyclage du virus seront suffisants, augmentant la pression infectieuse.
Quelles sont les aides pour les foyers de MHE ?
Pour tous les foyers constatés jusqu’au 31 décembre 2023, l’État prend en charge les diagnostics de confirmation de la maladie dans l’élevage, 90 % des frais vétérinaires et les mortalités (sur résultat PCR positif) à hauteur de 90 %. Pour les foyers intervenus à compter du 1er janvier 2024, la solidarité professionnelle prendra le relai dans les mêmes conditions au travers du Fonds de Mutualisation Sanitaire et Environnemental (FMSE).
Si la situation globale est figée avec l’arrivée du froid et l’inactivité vectorielle, tout laisse à penser que la circulation de ces deux maladies va reprendre dès que la quantité de culicoïdes et le recyclage du virus seront suffisants, augmentant la pression infectieuse.
Quelle est l’efficacité des moyens de désinsectisation sur les culicoïdes ?
La désinsectisation des bâtiments n’a démontré aucune efficacité pour baisser la quantité de culicoïdes. Sur les animaux, les résultats ne sont guère plus encourageants. La diffusion est maximale 4 jours après l’application du pour-on avec une efficacité de l’ordre de 45 % et elle disparait au bout de 7 à 10 jours. Cela ne semble donc pas une piste suffisante pour éviter la contamination des animaux. Concernant les moyens de transport, la désinsectisation reste recommandée pour éviter une propagation plus rapide par le déplacement de culicoïdes infectés.
Quelles mesures préventives puis-je mettre en place dans mon élevage ?
Il n’y a pas de vaccin pour la MHE mais plusieurs vaccins existent pour la FCO type 8 (cf. encadré) et leur efficacité a été confirmée sur cette nouvelle souche. Il est donc fortement conseillé de protéger le cheptel souche pendant l’hiver, période de faible activité vectorielle. Limiter l’exposition aux culicoïdes reste compliqué, la désinsectisation est globalement peu efficace, on peut envisager d’éloigner les gîtes de ponte des animaux et des bâtiments (tas de fumier, lisiers) voire de rentrer les animaux au moment où l’activité des moucherons est maximale (aube et crépuscule). Les autres points d’attention sont des mesures sanitaires de base : avoir des animaux en bonne santé et examen quotidien des animaux. La mise à disposition d’une ressource en eau de qualité et facilement accessible va devenir indispensable dès le printemps. Pour plus de renseignements, vous pouvez consulter notre site internet ou nous contacter.
Important!
FCO type 8, protégez-vous !
Comme nous l’avons vu, l’impact de cette nouvelle souche est plus important que le variant historique. Vacciner votre cheptel reproducteur, c’est protéger votre outil de travail avec une vaccination qui peut être faite par l’éleveur. Plusieurs vaccins sont disponibles contre la FCO type 8, rapprochez-vous de votre vétérinaire pour utiliser celui qui est le plus adapté à votre situation et en fonction des disponibilités.
Dr Boris BOUBET
GDS Creuse
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